Ce qu’on lègue

mais qui éduque qui?

Growing up, love, growing love

Une photo publiée par Mai Hua (@supertimai) le

 

Je me pose souvent la question de ce que je vais laisser. surtout en ce moment. et parfois ça surgit de manière, comment dire… beh je vous raconte.

donc j’étais dans la rue avec les mômes. on rentrait chez leur père. là je dis à Dominique (mon enfant sur ce coup désire garder l’anonymat, on va donc l’appeler comme ça) « on va commencer à apprendre la poésie? »
évidemment, au milieu de la rue, alors que je vais les laisser chez leur père etc… évoquer les devoirs était une chose franchement conne à faire. mais parfois bah… on est franchement con!
du coup Dominique commence à stresser :

 » j’en ai marre de tous ces devoirs. ça prend trop de temps…
– oui, je comprends, mais il est temps que tu prennes acte. c’est comme ça, il y a beaucoup de devoirs et ce sera tout le temps comme ça. donc accepte la situation, travaille, on est là pour t’aider et ça te prendra au moins moitié de temps si tu arrêtes de stresser POUR RIEN »
bref, le truc dégénère totalement et au bout de 25 minutes (on est arrivé depuis longtemps à destination), Dominique s’est carrément réfugié(e) dans le lit, sous la couette (je vois même plus mon enfant). et moi :
« mais pourquoi tu stresses? tu vois ça sert à rien de stresser. on vient de perdre 25 minutes, les devoirs seraient déjà terminés.
– tu vois maman, le problème c’est que tu me dis « faut faire ci, faut faire ça », alors que je suis tout(e) mal. tu as raison mais TU N’AS PAS COMPASSION POUR MOI. »

whatcha, le retourné en pleine face. j’étais totalement sonnée. par plein de choses d’ailleurs, son chagrin, ma connerie (c’était évidemment moi la stressée), sa justesse, la leçon que je venais de recevoir. alors je ne sais pas trop qui lègue quoi à qui, mais avant de partir, je l’ai pris(e) dans mes bras en demandant pardon. et je me suis dit… quelle personne incroyable!

amour à tous!

Il y a 8 ans / Bouche 17 commentaire(s)

17 commentaire(s)

  • Nos enfants sont des personnes incroyables, c’est souvent autant eux qui nous élèvent que l’inverse !
    C’est une chance que ton enfant puisse exprimer avec autant de simplicité et de sincérité son ressenti ! Finalement vous avez appris touts les deux de cette situation, c’est chouette !
    Quelle plaie que ces devoirs ! Ce doit être la raison numéro 1 des conflits/tristesse parents-enfants, bien sûr que c’est nous les stressés 🙂
    On a eu la chance pour la primaire de vivre une école sans devoirs, tout était fait en classe, quel bonheur, toujours ça de pris avant le collège !
    Et je crois que tu as transmis quelque chose d’hyper important : présenter des excuses quand on a blessé l’autre !
    Ça paraît simple, dit comme ça, mais chacun campe trop souvent sur ses positions…pourtant c’est le seul moyen d’avancer !
    J’aime beaucoup le mot compassion et ce qu’il porte…
    Bonne journée !

  • Je ne suis pas (encore) maman mais chaque fois que tu écris un post sur le sujet, j’ai l’impression que tu me livres quelques vlés qu’il sera important de se rappeler au moment venu.
    Sans vouloir t’idolatrer, je trouve que tu as l’air d’une maman très à l’écoute de ses enfants (bon voilà, ça arrive que des fois…), créative,… Mais surtout bien capable de se remettre en question.
    Je pense que parfois les mères ;dont la mienne) culpabilisent sans changer ou adapter son attitude. C’est comme du coup une émotion gâchée… Je sais pas si c’est clair : )
    Merci pour ce partage d’expérience.

  • Merci pour ce partage! Ça résonne avec mon vécu de ce matin. Les devoirs sont une source de stress à chaque fois. Pour la première fois en 2 ans cette semaine j’ai laisser couler. J’ai pris conscience que ce ne sont pas mes devoirs et que le but est qu’elle apprenne quelque chose. Si c’est trop dur ou quelle n’y arrive pas, ça ne sert à rien de rendre un devoir corrigé par moi car son institutrice ne saura pas qu’elle n’a pas compris. Et c’est ainsi que le dernier, nous ne l’avons pas terminé et qu’elle va expliquer qu’elle n’y comprenait rien.
    Nos enfants nous apprennent tellement de choses! C’est un chemin que j’apprécie de plus en plus.
    Belle journée!

  • J’ai beaucoup de tendresse pour ton post de ce matin,pour ces petits riens qui parfois dégénèrent,par pour la raison qui a déclenché l’escalade,oh non ce serait trop simple!!!…..
    Derrière il y a toujours le vécu du moment,deux personnes qui ne sont pas en phase à cet instant,quelqu’un qui demande quelque chose que l’on n’avait pas entendu,une colère qui se trompe de coupable et aussi une occasion de se faire du bien en ouvrant une soupape de chagrin….
    On aide nos enfants à grandir et ils nous font grandir aussi…
    Bisous doux à toi et à « Dominique »….

  • Dominique me sidère par sa réponse si juste et si bien exprimée… Quel cadeau pour vous deux, de pouvoir défaire un noeud dans la relation, de pouvoir se le dire, de pouvoir en prendre conscience…
    Cette expérience va me nourrir moi aussi et amener encore un peu d’eau au moulin des questionnements sur la façon dont on veut parler et vivre avec les personnes que l’on aime. Merci beaucoup pour ce partage !

    • merci! Dominique m’a demandé pourquoi je voulais parler de cet épisode et sans qu’il y a dans le partage. la réponse était, je ne sais pas. je suis heureuse en tout cas que cela vous fasse réagir/réfléchir. et peut être aimer toujours plus.
      @bénedicte : oui dominique…

  • Salut Timai. Ton post m’évoque le principe de communication bienveillante ou communication non-violente. La compassion c’est tout à fait ça ! C’est si chouette que ton enfant ait pu te l’exprimer. Je partage ce livre que j’adore : « Parler pour que les enfants ecoutent- écouter pour que les enfants parlent ». Mon petit garçon n’a que un an et quelques, et je m’efforce de compatir lorsqu’il est frustré ou en colère (compatir et expliquer si besoin mais pas céder), de nommer ses sentiments et de l’écouter car je suis persuadée que c’est une solution efficace pour construire le cadre dont il a besoin. C’est une gymnastique quotidienne, pas toujours facile à appliquer, il faut aussi être à l’écoute bienveillante des ses propres émotions ! Bonne journée !

  • Oh Mai! Un grand merci pour tout ce que tu partages avec nous. C’est fou à quel point tu me touches, je me reconnais souvent dans tes mots et surtout… j’apprends beaucoup de toi. Ca fait bizarre de dire ça de quelqu’un dont on ne connait que le blog, j’apprend des recettes et même des massages tout doux (à quand le grand retour de Dr. Loan?) oui, mais surtout de des leçons de vie, des façons différentes d’approcher la vie, les gens, la beauté, les conflits, l’amour, le partage. Le partage, la beauté, la sincérité et la bienveillance est ce qui ressort le plus de toi. Tu me fais comprendre tellement de choses, même sur moi… surtout sur moi! Merci, merci, merci!!!

    De la compassion, de l’amour, pour toi et pour tous!

  • Oui, ils sont incroyables ces/nos gosses, hein! Tellement de sagesse accumulée au cours de si courtes vies – ça m’impressionne toujours!

    Merci à toi et surtout à ‘Dominique’ d’avoir bien voulu partager cette conversation. J’aime quand tu nous parles de ces moments doux et qui font grandir…

    La compassion – on en a bien besoin!

  • « tu n’as pas de compassion pour moi »

    ?
    comment dire… je pense qu’une personne est un tout
    je m’explique :
    je ne pense pas que tu sois une manipulatrice, tu t’es bien trop souvent mise « à nu » devant nous lecteurs/lectrices
    et ce que j’en ai vu moi c’est une personne sensible
    une personne douce qui essaie de faire du mieux qu’elle peut
    une personne qui voit la beauté dans les gens et les choses
    bref, parfois je crois aussi que les enfants sont durs avec leur mère
    je l’ai été moi aussi
    oui c’est important de faire les devoirs
    oui il est primordial d’écouter ses enfants
    l’un n’empêche pas l’autre
    de leur expliquer aussi
    d’essayer de les comprendre
    de ne pas tout laisser passer
    tout ça est important
    chacun fait du mieux qu’il peut, comme il est,
    extraordinaire à sa façon
    et chacun avance
    parfois ça prend du temps
    c’est précieux ces liens avec nos amis, nos parents, nos enfants…
    Merci Mai, et portez-vous bien, tous…

  • Je te trouve très sévère envers toi même. Ta « connerie », on est « con », c’est « ma faute »… On ne peut pas répondre toujours parfaitement à son enfant. Et c’est très bien comme ça: une pédopsy m’a un jour dit que les petits patients qui avaient le plus de difficultés sont ceux qui ont des parents absolument exemplaires à qui l’on ne peut rien reprocher. Parce qu’ils n’ont pas l’espoir de faire mieux qu’eux, un jour futur.
    Et sur le fond tu as raison: les devoirs, il y en a, c’est chiant mais c’est comme ça et ça ne va que s’accentuer au fil des années donc mieux vaut ne pas vivre dans l’illusion qu’ils vont disparaitre. Et tu peux aussi lui dire que toi aussi tu en as des devoirs à l’âge adulte, de la compta, des trucs relous, des papiers à faire, et que tu le fais parce que d’une part tu n’as pas le choix mais d’autre part, tu te sens heureuse et soulagée une fois que ces choses sont faites. Il y a du plaisir dans l’exécution d’une tache, il faudra qu’il ou elle en fasse l’expérience. Et comme tu as confiance en lui/elle, tu sais qu’il/elle le découvrira à son tour. On n’est pas tout le temps branché sur la bonne fréquence et ils doivent aussi apprendre à s’adapter à nous comme au monde imparfait qui les entoure.
    Et de la compassion, pour tes petits, punaise, tu EN AS!
    et oui, je confirme tu as deux merveilleuses petites personnes dans ta vie. MERVEILLEUSES!

    • merci, merci!
      ohlala ne vous inquiétez, je ne trouve pas que je suis une mauvaise personne, ni une mauvaise mère. et je ne parle pas sous le coup de la culpabilité. je trouve aussi que les mômes ont intérêt a grandir avec des parents imparfaits. ce qui m’a bouleversée c’est la réponse, la possibilité d’une réponse. qui plus est une réponse juste. moi, môme, je n’aurais jamais eu cette sagesse et peut être, pour te rassurer Lili, que cela vient d’une éducation pas trop mal quand même! ;p
      mille bises

  • J’ai pas d’enfants mais j’accompagne un grand nombre de grandes personnes qui sont parfois comme des enfants et parfois tout ce qu’on demande c’est de l’écoute et d’être accueilli dans ce que nous ressentons.
    Pas forcément des solutions logiques ou raisonnables.

    Belle leçon de Dominique aka Leo

  • aaah Maï et ça ne fait que commencer…tu verras comme les enfants sont là où on ne les attend jamais avec leurs reflexions, petits-grands même combat : ils te font avancer vers le meilleur, mais pour cela c’est vrai qu’il faut les écouter, les regarder, les aimer, les rassurer…et je peux t’assurer qu’ils te rendent au centuple
    Tu sais moi ce que je disais aux miens lorsqu’ils me disaient la même chose que Dominique : « tu as raison, mais moi je pense que si on t’en donne autant c’est que tu grandis et que l’on pense que tu en es capable »…ça a fait son effet 😉
    Des bises Maï la super maman 😉

    ps : j’ai regardé Taratata ce soir et j’ai pensé à toi avec Jain…merci mais merci pour cette pépite

  • En plus c’est pas le top de leur faire réciter des poèmes par cœur (pas une mère mais une prof qui parle). Une bonne lecture est tellement plus agréable et sensée pour tout le monde…

    Quoiqu’il en soit, c’est un joli texte sur l’éducation

  • Depuis que j’ai découvert Bénédicte dans votre blog, je regarde toujours s’il y a un commentaires de sa part dans les articles. Je les trouve toujours justes et si subtilement écrits.
    Cette femme rayonne, une force dans la douceur.
    Votre amitié doit vous apporter de la sérénité et des échanges riches, Mai.
    Elle m’en rappelle une, inter-générationnelle comme celle-ci, que j’ai perdu trop tôt, mais que la « présence » de Bénédicte ravive et réchauffe. Depuis que j’ai découvert Bénédicte dans votre blog, je regarde toujours s’il y a un commentaires de sa part dans les articles. Je les trouve toujours justes et si subtilement écrits.
    Cette femme rayonne, une force dans la douceur.
    Votre amitié doit vous apporter de la sérénité et des échanges riches, Mai.
    Elle m’en rappelle une, inter-générationnelle comme celle-ci, que j’ai perdu trop tôt, mais que la « présence » de Bénédicte ravive et réchauffe.

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