Inspiré

(d'une histoire vraie)

Oui je sais ça n’a rien à voir avec le post mais je voulais vous montrer ma tronche portant des lunettes. donc ça, c’est fait…

 

Fin août, Delphine de Vigan a publié D’après une Histoire Vraie, qui vient juste de recevoir le prix Renaudot. la première moitié m’a ennuyée comme un blog mal écrit. j’imagine que cela était fait à dessein et j’adore cette idée hautement culottée d’ailleurs que l’écrivain « se raconte » volontairement mal pour exprimer son incapacité à décrire la violence du réel/de sa réalité. bref oui, je veux bien croire que cela était fait volontairement car premièrement, j’ai continué à lire malgré tout, comme quoi c’était faussement mauvais (avant, même s’il me fallait 1 an, il m’était impossible de ne pas finir un livre entamé, je trouvais ça… injurieux! mais maintenant, je m’en fous, j’ai pas de temps à perdre)(merde!)(hahaha), puis deuxièmement, petit à petit, le récit, le langage, l’ambiance basculent et ça m’est apparu absolument « véritable ». véritable non pas dans les faits mais dans le partage véritable des sentiments explorés. c’est comme si je passais de la posture au ventre de l’auteur. ça m’a tellement plu!

Comme vous le savez, je suis… bloggeuse (hahahaha)(hahahahah) et prépare un film sur ma famille (ah bah on rigole moins là). les notions de réalité et de fiction, de vérité ou pas (Delphine de Vigan a d’ailleurs une tirade sur le fait de « se la raconter ») m’interpellent. je cherche tellement la vérité! et parfois, je le vois, je le sens, on/je peut/x se raconter n’importe quoi! surtout à l’ère des réseaux sociaux. parce qu’on voit pas, parce que ça nous arrange, parce qu’on est mauvais, faux, parce qu’on fait comme on peut… mille raisons à cela et c’est tellement complexe ce lien au « vrai ». mais je trouve ça passionnant.

pour revenir au bouquin, je n’ai pas retrouvé le vertige de son précédent roman « Rien ne s’Oppose à la Nuit ». pour ceux qui ne l’ont pas lu, Géraldine de Café Mode disait il y a 2 catégories de gens : ceux qui ont aimé le livre et ceux qui ne l’ont pas lu. courrez donc! il y avait dans celui ci un écho universel et viscéral du lien à la mère, à l’histoire que l’on se construit avec ce qu’on nous lègue, etc. Cette écriture m’a beaucoup inspiré dans la mienne. J’adore aussi que l’on puisse catégoriser ce livre en tant que Roman, car mon film, « mettant en scène » des personnages réels dans des situations réelles, sera catégorisé « film documentaire », avec une distribution très spécifique. En clair, plutôt dans des festivals qu’au cinéma. parfois, ça me chagrine. et je me dis justement que la notion du réel et/dans la création a tellement été bouleversée que cette catégorisation dans les arts visuels est obsolète. il y a quelque chose à inventer… j’en suis convaincue!

tout ça pour vous dire que j’ai énormément avancé sur le film. j’ai reculé aussi. suis passée à côté, sur les côtés… l’été dernier, j’avais écrit (enfin, ca faisait 6 mois que j’étais sur le coup hein) une première version. j’ai tellement pleuré. ceux à qui je l’ai fait lire étaient très touchés, convaincus, ils m’ont tellement soutenue, j’ai cru tenir ce que je voulais. sur le papier, c’était canon (comment ça je doute de rien????).

et puis; nous avons commencé à dérusher ce que j’avais déjà filmé. et de manière lancinante, mais certaine, et assez douloureuse je dois dire, j’ai vu le film partir au loin, m’échapper totalement. la matière que j’avais, c’était pas mon film. mais pas du tout! j’ai cherché des solutions, bien sûr mais le rond ne rentrait pas dans carré. l’été est passé, je ne trouvais plus le jus pour m’y remettre. me remettre à quoi au juste?!!!! je n’étais plus habitée, et n’arrivais même plus à le rêver ce film. je pleurais pas mais ça me faisait comme un chagrin sourd. il a fallu lâcher prise : on verra bien, c’est le test. soit ça revient, soit pas et alors c’est pas grave, c’était juste ça. une recherche. tu voulais un film et bien tu auras un texte (et une maxi thérapie en sus).

j’ai ensuite regardé pas mal de films, des fictions, des docu, et tous ceux qui me plaisaient, Party Girl, The Look of Silence, Taxi Driver, Timbuktu, le Dernier Voyage de Madame Phuong (non pas Mon Roi) avaient cette sorte de ligne claire, cette grande pureté. Comme D’après une histoire Vraie, l’important n’était pas les faits, le principe de narration (oh Mon Roi quel dommage!) mais la vérité des sentiments, juste la possibilité de les transmettre. il me fallait trouver cette ligne claire. et je reconnais dans mon texte une toute autre énergie. Quelque chose qui me plait toujours énormément et que j’irai explorer à nouveau, mais ce que j’ai écrit bah… c’est pas un film. fallait juste l’admettre.

alors, je sais pas comment vous dire, le film est revenu à moi. et il avait un tout autre visage. en fait le film n’est pas revenu à moi, c’est moi qui suis (re)venue à lui : il était là depuis le départ (j’avais pas de lunettes ou quoi?!). et ça va être beau. j’en suis sûre (comme l’été dernier hein). hier j’ai rencontré l’équipe de kiss kiss bank bank. je vous en raconte donc davantage très vite… faut que je taffe là!!!!! et JE SUIS A FFFFONND!!

mille mille bises

Il y a 8 ans / Bouche 19 commentaire(s)

19 commentaire(s)

    • Merci pour vos encouragements!
      J’ai aimé et pas aimé. Pendant le film je réagissais avec la salle mais qd les lumieres se sont rallumées, j’ai un sentiment de « ah ». L’histoire, les acteurs et l’énergie sont dingues, mais quelle lourderie cette narration! C’est tellement dommage.
      @benedicte : merci ma douce. Et toi tu en penses quoi du de Vigan?

  • Mai,..j’osais pas te le dire, mais tu écris toujours « d’avantage » là où il faudrait souvent écrire « davantage ». L’orthographe, comme tes posts… c’est toujours de la nuance subtile 😉
    bon courachhhhhhhhh today, profite d’être à donnnnnnnnnnnf

  • Rhooo c’est très émouvant ces aller-retours, puis ce retour, puis ce bonheur qui revient à soit ou qui était toujours là. J’aime beaucoup ta poésie, MAIS OU SONT LES TUTOS MAKE UP ????… ahahah
    Evidemment cela me touche parce que cela fait écho à mon désarroi du moment, un rêve aussi, une réalité ensuite et le même carreau qui n’entre pas dans le rond. Je suis heureuse que ton lâcher prise t’es tout rendu, je vais convoquer le mien aussi…
    Je serai là pour ton kiss kiss surtout si il a besoin de faire bank bank.
    Ps : au fait si le sujet du post c’était les lunettes ahahaha ben oui ça marche avec tes cheveux, t’es belle.

  • Ah bah mon premier message n’étais qu’un B…
    Je croyais que ce post serait un sondage pour tes lunettes (que j’ADORE grave soit dit en passant !!!! ) et comme d’hab tu nous parles d’amour, de beauté, de difficultés, de réflexion, d’avancée. Maï tu es incroyable. et ton film (et donc ton livre aussi !) le sera. hâte !

  • Mai chérie, ton film va être une merveille. Ce que tu m’as donné à lire me transporte déjà. Il faut que tu aies confiance en toi ! Tu as tellement de talent pour raconter les autres en image, pour capter leur lumière, pour révéler les émotions…

  • Je ne sais pas si tu l’as vu, et si ça pourrait t’aider, mais sur cette question très particulière de la frontière floue entre vérité / fiction dans les histoires familiales, je ne peux que te conseiller de voir le documentaire « Stories We Tell » de Sarah Polley : j’en ai été émue aux larmes.

    Les sentiments sont là et bien là, le processus narratif particulier aussi. Le meilleur des deux mondes, finalement.

  • Timai,Timai, Timai…plusieurs semaines que j’avais délaissé ma revue de blogs habituelle, une envie de se détoxifier…et puis ce soir j’y reviens, et je dois te dire que tu me touches à un tel point à chaque fois.c’est juste incroyable ce que tu arives à transmettre par l’image, ça m’émeut grave!
    j’ai souvent la larme à l’oeil à la fin de tes vidéos, tu arrives à faire passer l’émotion, tu as ce talent là,
    ce besoin là même je dirais.
    Persiste, poursuis ta quête, tu vas nous livrer quelque chose de puissant.
    Merci pour ce que tu me transmets dans tes vidéos.De la vie, de l’humain.Ca fait du bien.

  • C’est marrant, cette histoire de réel / fiction revient tellement ces temps-ci dans mes lectures, mon boulot, mes discussions… Je viens aussi de lire le dernier Delphine de Vigan (j’avais encore rien lu d’elle), et hier j’ai suivi une formation cinéma où justement il était question du documentaire et de son côté « écrit », de ses choix, de son esthétique, contrairement au « réalisme » (même si subjectif…) du reportage… Bref, il y aurait tant à en dire…
    Hâte de voir ton film, travaille bien et plein de soutien.
    bisous

  • Je profite de ce post pour te conseiller le merveilleux documentaire « Stories we tell » où la réalisatrice filme sa famille et raconte son histoire (à elle, l’histoire de comment elle est venue au monde). C’est un fabuleux documentaire, qui m’a terriblement envie de reprendre mes projets de recherches sur ma famille et qui je l’espère, t’inspira tout autant !

  • Je relis quelques posts de ton blog. Totalement d accord avec ta remarque sur le monde du cinéma. Je fais des études dedans et ce qui m intéresse dedans c est le mélange ostensible entre fiction et documentaire. Plus tu étudies la question et plus tu découvres qu en fait ça a peu de sens, c est une cartographie arbitraire comme tout classement. Mais par contre cette hybridation est très féconde tant que le but est d obtenir une forme de vérité. En fait on fait cette distinction car on confond le concept de réalité et celui de vérité. Il peut y avoir de la vérité qui émane de la fiction, mais la fiction s oppose à la réalité même si elle en émane.
    Si le sujet t intéresse je te conseille le petit livre de François Niney, Le Documentaire et ses faux semblants. Un peu technique par endroits mais une référence et très chouette. Hâte de voir ton film, même en festival :p

    • merci amandine! oui c’est ca, confondre réalité et vérité… et l’auteure la en parle très bien de cette possibilité de dire des choses vraies à travers une fiction!

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