NOIR

c'est Noir

Comment ça, je ne vous ai jamais rien écrit sur le noir?! je profite donc de cette news sur Anish Kapoor. Vous le savez, ici, je l’ai beaucoup aimé. Souvenez vous. puis il y a eu l’expo a Versailles que j’ai trouvée légèrement vaine, égotique passe encore, mais sans émotion. et voilà que l’on m’apprend que Mr Kapoor, s’est arrogé l’exclusivité d’une couleur qui peint plus noir que noir?!

ce que j’aime dans la couleur, comme dans la bouffe viet, c’est que c’est gourmand, savoureux et… populaire! tout le monde peut goûter à de bonnes choses. J’ai souvent cru que j’étais tombée dedans (dans la couleur) pour retrouver un lien à ma mère, qui me cousait des combinaisons en patchwork invraisemblables (fallait juste pas être épileptique). et puis l’autre jour en en parlant à une amie, qui travaille à la diversité dans les entreprise : « la couleur, les couleurs, c’est une autre manière de voir le monde, c’est accepter la diversité, l’autre… » pffff, que c’était beau! et elle avait tellement raison. la couleur, du coup, ça devrait être comme les littoraux français, ça devrait être accessible à tous. Kapoor n’a rien compris.

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Odyssée de L’Espace

Pour revenir au noir, je le lis comme un absolu, ou plutôt comme une quête d’absolu. c’est le noir du texte, l’idée s’incarne en noir (sur blanc). oui, c’est une idée, un concept, le noir. c’est la transcendance de ce monolithe noir dans l’introduction de L’odyssée de l’espace (Kubrick avait évidemment pas pis un monolithe jaune ou rose, il ne pouvait être que noir ce monolithe inexplicable et vertical venu interrompre la vie sauvage des singes). c’est le noir du trou (noir donc), de la nuit (noire donc).

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Andy Goldsworthy

y a pas plus noir que le noir. et quand je parle de quête d’absolu, c’est parce que le noir, dès lors qu’il s’incarne dans une texture, une matière, alors il s’altère légèrement, de blanc, de couleurs, ou de reflets (c’est tout le concept de Soulages), du coup, c’est plus tout à fait raccord avec l’absolu dont je parlais plus haut, du coup, on cherche plus noir que noir. c’est la quête.

en cosmétique, combien de concept ont été pondus sur le mascara noir de chez noir? « mais ton noir, il est noir.. noir noir? » on riait tellement avec mes frère sur ce sketch de Muriel Robin. bon et bien là, il semblerait que le Vandablack soit si noir qu’on ne le voit… pas! les images sont assez hypnotiques je trouve. félicitations à Anish, l’heureux propriétaire du noir le plus noir de la terre.

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Vanité… absolue?!

Il y a 8 ans / Bouche 17 commentaire(s)

17 commentaire(s)

  • Tiens, tu es la première personne « de mon entourage » à réagir… J’avais partagé l’article du mon sur mon Facebook et j’ai l’impression que c’est passé à la trappe, je n’ai même pas eu le like d’un ami. Pourtant j’ai plein de contacts artistes, fans de photos en noirs et blancs 😉 , plasticiens, peintres, etc…
    Je ne comprends pas comment il a pu acheter cet ultranoir. S’il le partage, ce serait super, mais j’ai peur 😉
    Bises

  • Hello
    Il ne s’est pas approprié la couleur noire mais une matière qui rend le noir absolu. Il y a une grosse différence. Cela ne le rend pas moins bête dans cette action mais ce n’est pas la même chose. C’est la société qui a inventé ce matériau qui n’aurait pas du vendre ce droit d’exclu.

    • Je suis tout à fait d’accord avec Pops. Je crois, au contraire, que Kapoor a fait très fort en dénonçant cette appropriation de tout dans notre société. L’art contemporain contrairement à l’art moderne (c’est comme la différence entre modernité et post-modernité) peut se différencier dans cette « application de ce qui n’est pas bien », je m’explique : je fais cette chose pour prouver qu’elle n’est pas juste car je ne suis pas un modèle de morale mais juste un individu qui exploite un travers de la société. 🙂
      Et merci pour ta réponse à Pops, j’espère que ce n’est pas trop redondant ce que je dis ^^’.
      Ah et pour la petite histoire de on-peut-tout-acheter-dans-notre-société : quand j’étais petite j’étais persuadée que mon entourage me mentait en me disant que tous les près, les forêts du monde appartenaient à quelqu’un ! ^^

  • Merci Mai pour avoir écrit NOIR sur blanc (c’était facile, je l’accorde) ta réflexion sur le noir (ah! sublime Soulages!) et l’accessibilité sociale et le (non-)métissage des couleurs. C’est fascinant de voir comment les humains tentent de s’approprier les couleurs, comme codes pour marquer un statut, une position sociale. Et heureusement qu’il existera toujours des alternatives, pour contrecarrer les brevets, les exclusivités et les « droits », car oui, toutes les couleurs doivent être accessibles à toutes et à tous!
    Passe une toute belle semaine Mai! 🙂

  • Tout comme Panephaa, j’aime beaucoup le lien que tu crées entre le noir, les couleurs et la réalité sociale. Tes mots ont une forte résonance. Jolie semaine à toi Mai.

    • merci, merci à toutes!
      @pops : oui tu as raison. peut etre qu’on ne devrait pas avoir le droit de vendre une couleur en exclu. il y a bcp de batailles entre marques cosmétiques d’ailleurs la dessus. concernant la couleur en général : la couleur est à la fois un concept et une matière colorée. donc non, kapoor n’a pas acheté le concept du noir absolu, mais il n’est pris l’exclu de cette couleur noire là, en tant que matière. et même si mon post est un peu dans le jugement (tiens c’est pas mon genre d’habitude), je n’ai jamais pensé qu’il était bête. au contraire c’est (diaboliquement) intelligent cette affaire! encore merci pour ton com! ;p

  • j’aime le noir pour ce qu’il a de radical, fascinant, c’est un néant qui recouvre tout et en même temps il appelle à être dynamité de couleur
    je pourrais remplir des pages et des pages d’entre de chine noire

    à beaubourg j’avais vu deux choses qui m’avait fasciné une série de photos qui montraient le visage d’un homme qui devenait noir au fur et à mesure que l’écriture d’idéogramme japonais recouvrez sa peau

    et ça une artiste avait fait ce que je rêvais, rêve de faire avec le noir ( j’ai essayé de retrouver une vidéo mais a priori elle a était retiré pour des questions de droit d’auteur), en résumé un lit au milieu de la pièce une fontaine de peinture ou d’encre noire se déverse et elle peint.

  • J’adore quand tu nous parles de couleurs, j’apprends tellement grâce à toi et aussi aux commentaires qui suivent (le mien en va pas servir à grand chose d’ailleurs)

  • Je suis en plein dans le noir, dans le blanc, des images en couleurs et pas en noir et blanc mais faite de noir et de blanc (presque exclusivement) dans une série. J’adore la proposition que tu fais sur le concept du noir mais je me pose la question : le blanc n’est il pas absolu aussi? Comment lis tu le blanc?
    De mon côté, j’y vois la pureté, la vie, mais comme je l’écrivais l’absolu aussi… je suis curieuse de ta vision

    A vite!

    • coucou valérie, le blanc n’est pas un absolu dans le sens ou l’on a totalement intégré que le blanc était fait pour… être noirci. le stade ou il est immaculé n’est qu’un instant. tapes sur la pastille blanche dans la partie « recherche » et tu verras tout ce que j’ai écrit sur le blanc déjà (la couleur qui m’inspire le plus en fait). enjoy!

  • Une des œuvres plastiques qui m’a le plus émue était un tableau de Soulages…
    Et j’avais aussi adoré le livre de Michel Pastoureau, historien des couleurs sur le noir. Sûrement une réminiscence de ma tentation de devenir gothique à l’adolescence !

  • Oui, c’est sur c’est diaboliquement intelligent.
    Mais je trouve cela incroyable d’en arriver là pour un artiste.
    Après pour des sociétés commerciales, c’est une autre affaire.

  • A propos du noir et de Soulages lire L’homme-joie de Christian Bobin p 31 après ou avant d’être passé par le musée Fabre à Montpellier et le musée Soulages à Rodez.
    J’ai eu le bonheur de prendre du temps dans ces deux lieux.
    Extrait de « L’homme-joie » : Ce qu’on voit nous change … Leur souffle est lourd, lent, imbibé de silence…Le noir est l’éclair d’un sabre de cérémonie, une décapitation qui ouvre le bal des lumières »
    Maia, mille merci encore pour vos news.
    La couleur comme diversité … Très beau en effet !

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