les Moi.s transitifs

Ab Origine Fidelis

il y a quelques jours, j’ai participé au projet d’Olivier Vinot , appelé Ab Origine Fidelis.

l’idée pour lui est de laisser une trace qui soit fidèle à nos origines. ne pas oublier d’où l’on vient. alors pour moi qui suis dans le trans-générationnel, ça me parle bien sûr.

en même temps, cela a eu un autre effet me concernant. 2 autres effets à vrai dire.

> je change, mon rapport à mon image aussi : je ne me suis d’abord pas reconnue sur la photo. je fais très « femme ». pas de pause, pas de grimace, pas de séduction… « rien ». et de ce rien émerge ce truc. je me suis vue adulte, une femme, mais une femme qui ne cherche pas à séduire. et donc même si je ne me reconnais pas (encore), ça me plait cette idée de devenir adulte comme ça. je me trouve belle.

nb1 : l’autre jour je suis allée à la fête de fin d’année dans le collège de Tâm. c’est un collège, on va dire humaniste bourge parisien, donc j’imagine que c’est différent dans d’autres milieux, mais là, ah bah, c’est tout aussi frappant que factuel : on s’habille tous et toutes pareil de 10 à 50 ans! c’est totalement fou. et ça ne va pas dans un sens de sexualisation précoce, au contraire, c’est assez élégant, sans être prout prout (avec des rayures détournées, des stan smiths, des belles robes amples et « essentielles »). ça m’a perturbée cette histoire. ma fille grandit, j’ai plus envie de « faire » jeune, et que l’ultime compliment que l’on me fasse soit « ohlala, on dirait 2 soeurs ». donc ça me fait réfléchir à mon vestiaire.

nb2 : l’autre jour, je faisais une conférence pour un grand groupe cosmétique. j’ai porté un rouge à lèvres. fallait bien. (pour ceux/lles qui n’ont pas suivi, je ne me maquille plus depuis spirit horse)(c’est pas un acte engagé, c’est juste comme ça). je ne me suis pas trouvée moche, au contraire, je me suis trouvée « plus jolie » avec que sans mais n’empêche que pour la première fois, j’ai enfilé ça comme on enfile un costard : faire comme il faut pour aller bosser. là aussi, je constate un changement dans mon rapport à mon image.

bref, sans transition on passe au 2e effet?!

> cette image, j’ose le dire, est assez politique. On en discutait avec une amie française d’origine maghrébine, pour qui c’est bien plus difficile encore, mais voilà, il y a un vrai truc pour nous à dire « je suis française ». je vais plus loin : non mes ancêtres ne sont pas gaulois, mais/et oui, je suis un visage de la France. mon père est arrivé avec un aller simple à l’âge de 17 ans pour ne pas subir la guerre; ma mère venait de Tunisie où son père était diplomate et n’a pas pu rentrer « chez elle » pendant 30 ans. je suis donc remplie de gratitude pour « mon » pays qui a su accueillir des personnes en danger de mort. J’ai le désir de l’enrichir, mais pas en m’y diluant, non j’aimerais l’enrichir avec toute ma singularité. et cette singularité c’est pas uniquement les traits de mon visage que je pourrais faire rentrer dans un modèle unique de francité (genre Leila bekhti pour l’Oréal)(mise en beauté comme une « vraie » femme française, avec les cheveux bien lisses et un makeup glamour et je t’envoie à cannes en robe fourreau et le tour est joué), mais une toute autre culture dont la vision est plus holistic, moins cartésienne, hyper contemplative, moins dans le « faire » etc…

même pluriel.le, même en transition, même différents.es de ce que certains voudraient qu’on soit, n’hésitons plus à montrer qui nous sommes! nos familles, nos pays, le monde est riche de nous! Cheers!

Il y a 7 ans / Bouche 42 commentaire(s)

42 commentaire(s)

  • Tu es toute belle Mai! 🙂
    Cette phrase, on la dit ou on l’entend parfois lorsqu’on est pomponnée, apprêtée, « endimanchée ». Là, sur la photo mais aussi à travers ce que tu écris au fil de tes posts, je trouve que tu es toute belle dans une certaine forme de nudité, dans la quête de ta vérité.

    • merci O. disons que ma quête est davantage tournée vers l’idée de grandir, de chercher. je suis moins dans le « trouver ». et peut être qu’il en émerge de la beauté. c’est une conséquence non négligeable! comme quoi il y a mille manières d’accéder à cette beauté. et ça n’est pas forcément en la cherchant qu’on la trouve. elle est tout le temps là je pense (avais tu lu mon texte sur « beauty is »?). encore merci pour ton com!

      • « ma quête est davantage tournée vers l’idée de grandir, de chercher. je suis moins dans le « trouver ». et peut être qu’il en émerge de la beauté. c’est une conséquence non négligeable! comme quoi il y a mille manières d’accéder à cette beauté. et ça n’est pas forcément en la cherchant qu’on la trouve. » Mai
        Je cite de nouveau Denis Marquet au sujet de la quête (chercher) et de la découverte (trouver)
        (ton post sur Réussir) tant ta remarque Mai, résonne à contrario avec celles du philosophe et de Picasso :
        « Picasso disait : « Je ne cherche pas, je trouve. » Chercher est difficile. Alors que rien n’est plus facile que de trouver: soudain, quelque chose est là, donné. Mais ne faut-il pas chercher pour trouver ? Picasso, qui s’y connaissait, nous enseigne que non. L’acte créateur, quel qu’il soit, n’implique aucune difficulté à vaincre, aucun effort. Il s’agit juste de se disposer à recevoir l’inspiration qui ne peut se donner que lorsqu’on a enfin relâché la tension de son effort, pour se rendre simplement disponible. Telle est donc la voie du créateur : abandonner tout effort, toute tension, et entrer dans la facilité de la spontanéité inspirée. Cela veut dire faire le deuil de toute volonté propre, de tout effort et de tout mérite, et devenir simple vecteur de miracle. »
        Ta remarque Mai confrontée à celle de Denis Marquet citant Picasso méritent réflexion.
        Je pense qu’il y au préalable un travail de recherche, puis la grâce de trouver sans effort.
        Chercher, mais chercher quoi s’il n’y a pas un soupçon de « trouver »
        Chercher en soi, ce qui est sans doute déjà là et ce qui se donne à nous dans une marche dans le soir tombant. Se dépouiller pour cela.
        La beauté d’une œuvre d’art comme celle d’un fleuve, d’un.e ami.e qui marche dans le soir tombant, nous rappelle que nous sommes unis au monde, avant toute réflexion, avant de faire le moindre effort. Ce lien nous est donné d’emblée.

      • Si « Grandir » s’accompagne de beauté, de quelle beauté s’agit-il ? Y a-t-il, oui ou non, une part de narcissisme, d’orgueil dans cette recherche ? Un thème à débattre sur Facebook ? 😉

        • alors pour picasso… il est provocateur dans cette citation. il dit aussi que sa colombe, s’il met 2 minutes à l’exécuter, c’est parce que ca fait 40 ans qu’il la dessine! il y a de la malice chez lui. il a conscience de son génie, et se moque un peu du monde.
          ensuite la beauté on peut l’envisager dans un miroir et oui ca peut devenir narcissique. mais 1/ ce narcissisme, comme l’ego, lorsqu’il est léger fait avancer le monde. 2/ la beaute n’est pas uniquement « à voir » « à entendre », « à capturer ». elle est. elle est la, tout le temps. que nous puissions en avoir une perception ou non. c’est une déesse intérieure. (la encore lis « he » edouard). et dans ce sens picasso, comme bcp d’artistes n’a plus qu’à de laisser traverser pour la trouver. pas d’effort comme tu dis.

          enfin, la recherche dont je parle est moins une recherche de beauté que de vérité. et cette vérité même si elle est la, comme le dit mem, eh bien cela prend du temps à trouver et ca se fait rarement sans chercher. tu me suis?!

          encore merci pour ton com! x

          • Je te suis complètement ! Oui comme tu le dis très justement, la beauté, la vérité et j’ajouterais la simplicité, nos déesses intérieures. Ce sont ces déesses qui même par temps gris m’ émeuvent ! La malice de Picasso bien sûr – mais pas que malice – qui a dit : “J’ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant.” ! Retrouver une authenticité, une simplicité qui ont pu être perdues de vue en chemin.
            « la beaute n’est pas uniquement « à voir » « à entendre », « à capturer ». elle est. elle est la, tout le temps ». Mai
            Bien d’accord, et aussi par rapport au narcissisme et à l’égo !
            Suis allé faire un tour dans le passé. 😉 :
            http://www.maihua.fr/2016/10/la-beaute-ne-me-sauvera-pas-enfin-pas-celle-la/#comment-29240
            As soon as you have to measure it, fit it to something that is not “you” (which is, I know, a lifetime journey) then it is aesthetics, not beauty.
            « The search for beauty is vain »
            « I don’t have to grab it, get attached to it, because beauty is. » Mai
            Tellement vrai !
            « Les Charmes du Ciel qu’on aura sont détrônés de temps à autre, je le crains par le ciel qu’on tient. » Emily Dickinson dans « Lettres au maître, à l’ami, au précepteur, à l’amant »
            Merci Mai, passeuse de beauté ! La beauté de la Vérité est bien là, dans la beauté qui passe, pas dans celle que l’on tient. Beauté, vérité et liberté. Let it be beauty !

  • aaah Mai, que j’aime tes textes, la réflexion et les échanges qui en suivent!
    j’ai vu cette photo sur ton instagram l’autre jour, je la trouve magnifique, très pure, sans artifices, une vraie beauté (ou une beauté vraie?) Les projets d’Olivier Vinot sont tellement simples et tellement forts à la fois, c’est très touchant.

    la question de l’identité au sens large est super intéressante je trouve: qui sommes-nous? comment nous définissons-nous nous-mêmes? et par rapport aux autres et au monde qui nous entoure? comment notre « passé » (au sens large là aussi, donc l’enfance mais aussi notre héritage familial et culturel) nous influence t’il? et quelle influence avons-nous sur cette évolution?

    dès qu’on bouge un peu et qu’on se confronte / qu’on s’ouvre au « monde » (donc aux autres, à l’inconnu…), on se rend compte que tout est en mouvement perpétuel, rien n’est figé, ca bouge tout le temps en fait! ce qui est vrai aujourd’hui pourra avoir complèment changé demain, à l’issue d’une rencontre, d’une découverte… et heureusement! ca enlève drôlement la pression je trouve.

    bref, j’ai l’impression que ce que je raconte n’a ni queue ni tête, même si dans ma tête justement, c’est très clair hein, haha 🙂

    bon et sinon, moi qui ne me maquille jamais, ca me parle à fond le coup du rouge à lèvres « armure » 😉

    je t’embrasse Mai!

    • bah non c’est très clair laurence! c’est juste pas cartésien! parce que le cartésianisme « je pense donc je suis » ne pose pas la question du « je ». et ce je c’est justement un élément dynamique, en perpétuel mutation. dans un monde lui aussi, en perpétuelle mutation. donc cherchons la souplesse, plutôt que les certitudes! allez go go go!

    • merci brooklyn! je sais pas si c’est bien d’être dans son époque mais c’est bien dans une époque donnée d’essayer d’être just, ou le.la plus possible. encore merci!

      • Oui, c’est ça Mai. J’ai vu quelque chose de déterminé et en même tem… (argh, je ne voudrais pas utiliser cette expression qu’on entend trop), j’y vois donc quelque chose de déterminé et de serein à la fois. Une force tranquille?
        Allez, j’arrête de plagier les politiciens ; )

  • Hello,
    en lisant ton post, je me rend compte de quelque chose : je ne crois pas mettre déjà, réellement posé la question « d’où je viens ? ».
    Très jeune j’étais déjà dans le « Où vais je aller ? ».
    Depuis que je suis adulte et à cause d’un certain nombre de « traumatismes » je ne me pose plus du tout la question « où vais je ? » mais « qu’est-ce que je fais là ? » et souvent « à quoi/qui je sers ? » cousine dépressive de la précédente question existentielle, qui a la fâcheuse tendance à te coincer dans le present et du coup à ne pas te laisser courir vers le futur. Même, elle te fait plonger dans un passé proche, que tu te mets à ne plus regarder objectivement mais de manière très nostalgique donc idéalisé.

    ça me donne donc envie de réfléchir à « d’où je viens comme ça ? ».
    Voir si ça apporte une pierre constructive à l’édifice de « qui suis-je aujourd’hui ? », et par extension « où vais-je aller maintenant ? »

    Le rapport à l’image est parfois bien compliqué.
    Chez moi il doit passer par une validation extérieure, si les autres (au sens large) n’aime pas donc c’est que je cloche dans le paysage, donc que je suis pas au bon endroit. En ce moment je suis un homme aux cheveux longs (très longs) et les remarques fusent de la part des gens. Pour énormément ce n’est pas « normal » voir « acceptable », ou alors il faut vivre en Australie, être bien gaulé, bien bronzé et faire du surf. Là tu rentres dans le « bon » cadre. Manque de bol je suis parisien blafard et un peu gras. Et puis les vagues sur la Seine… tu repasseras.
    Donc merci pour la piqure de rappel :
    « …gratitude pour « mon » pays (…) J’ai le désir de l’enrichir, mais pas en m’y diluant, non j’aimerais l’enrichir avec toute ma singularité. »
    Car si il est difficile d’être singulier dans une société qui tend de manière général a effacer les disparités (dans le bon sens comme le mauvais), il n’empêche qu’on n’échappe pas à qui on est et qu’on ne se soustrait pas à d’où/de qui on vient.
    Et en fait… ben c’est cool ;-). tant qu’on ne transforme pas ça en malédiction et qu’on s’en sert de tremplin pour de belles choses.

    Bise.

    • thomas! c’est maintenant prouvé : SEUL LE PRESENT EXISTE! hahahahahahaha! donc il est bon d’aller visiter son passé, ou plutôt les représentations qu’on s’en fait pour nous libérer. il est bon aussi de s’inscrire dans une responsabilisation vis à vis de l’avenir. mais tout ça, c’est pour nous définir au moment présent. et au moment présent, tu es un bel homme roux, à la peau blanche, acteur de théâtre et monteur de maboule. ton âme a mille trésors… là maintenant. allez go thomas. GOooOOOooOoooo!

        • Merci à tous les deux, peut être aux autres aussi,je n’ai pas encore lu tous les coms , pour ce rappel primordial de rester soi et de s’accepter et oser être qui l’on est pour l’apporter au monde. Comme vous le dites si bien ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus simple selon nos origines et traumas ou expériences diverses, mais en vous lisant je me rends compte que c’est aussi ce que j’aime recevoir de l’autre, ce qui me touche, me transporte et me grandit. Alors je vous envoie un grand merci car vos mots sont de vrais encouragements!!! <3

  • Bonjour Mai,
    Merci encore une fois pour tes réflexions permanentes qui donnent à réfléchir .. c’est riche et cela trouve toujours résonance en moi, d’une manière ou d’une autre.
    Pour être tout à fait honnête, quand j’ai vu ce portrait de toi, j’ai été surprise. Ca m’a rassuré quand tu as dit que tu ne t’étais pas reconnue du coup haha. Parce que j’avais en mémoire les sourires jusqu’aux oreilles, le rire tonitruant. Alors bien sûr, l’exercice est différent et j’espère que ce rire continue à irradier dans les vie réelle, en mouvement. Mais cette capture à un instant T m’a surprise. Parce qu’elle dégage quelque chose de posé et d’apaisé, de calme, que j’avais senti par tes textes mais pas par l’image. C’est beau !! Beaucoup de douceur je trouve.

    C’est intéressant ce que tu dis « une femme qui ne cherche pas à séduire », ce rapport à la pose qui est très présente de nos jours, et encore plus actuellement avec les selfie et cie. Ca fait du bien du naturel !! J’ai l’impression que cette capture aurait pu être prise dans la rue, furtivement, tant elle respire la sincérité (qui a parfois l’air d’être en voie d’extinction dès lors qu’un objectif surgit). Merci pour ça ! Et bravo au photographe.
    Le deuxième point que tu abordes est très intéressant aussi, tout autant pour les personnes qui n’ont pas de faciès typés / seraient plus descendants de gaulois haha. Ca ouvre l’esprit ! Et cela s’applique aux gens qui sont d’origine gauloise, mais avec des modes de pensées différents.
    Très belle journée à toi !

  • “Passé quarante ans, un homme est responsable de son visage.” L de Vinci
    “La forme, c’est le fond qui remonte à la surface.” V Hugo
    Ce magnifique texte d’Alexis Jenni, une ode à la beauté de la femme :
     » Mais je souhaitais surtout la peindre, car cela aurait été plus simple de la montrer, elle, d’un geste. J’admirais son apparence, le mouvement fluide qui en permanence émanait d’elle, j’admirais son corps qui s’inscrivait dans le tracé d’une amande, dans la forme que je pouvais voir en posant à plat mes deux mains ouvertes, jointes par l’extrémité des doigts.
    Je pourrais, je crois, tracer sa forme d’un unique trait de pinceau. La contempler m’emplissait l’âme. Il convient par politesse de préférer l’être à la forme, mais l’être ne se voit pas, sinon par le corps. Son corps me réjouissait l’âme par voie anagogique et je désirais ardemment la peindre, car ce serait la montrer, la désigner, affirmer sa présence et ainsi la rejoindre.
    J’aimais la courbe que l’on devait décrire pour la parcourir tout entière, de ses pieds effleurant le sol jusqu’au nuage de duvet argenté qui auréolait son visage, j’aimais l’arrondi de son épaule qui appelait l’arrondi de mon bras, j’aimais par-dessus tout dans son visage la ligne vive de son nez, la ligne sans réplique qui organisait la beauté de ses traits. Le nez est le prodige de la face humaine, il est l’idée qui organise d’un seul trait tous les détails qui se dispersent, les yeux, les sourcils, les lèvres, jusqu’aux oreilles délicates. Il est des idées molles et des idées grossières, des idées ridicules et des idées sans intérêt, des idées amusantes, des idées trop vite épuisées, et d’autres qui s’imposent et restent toujours. La contribution méditerranéenne à la beauté universelle des femmes est l’arrogance de leur nez, tracé sans repentir, d’un geste de matador ; ce qui doit pouvoir se traduire en toutes les langues qui entourent cette mer qui fut la nôtre.
    Je l’admirais, admirais son apparence, et je désirais plus que tout inscrire son corps dans cette forme en amande que décrivent deux mains ouvertes posées à plat, jointes par l’extrémité de leurs doigts. »
    Une femme n’a pas besoin de séduire pour être belle. La beauté m’a toujours transporté !
    J’aime une femme belle en tout et qui me comble de joie ! Quel bonheur !

  • Mai,
    alors c ‘est marrant parce que j’ai découvert cette photo sur ton Instagram, et moi je t’ai reconnue.
    Peut être comme le disait Julie parce que cette image ressemble à ce que tu exprimes dans tes textes, une sincérité, une mise à nu, un certain dépouillement (c’est le premier terme qui m’est venu à l’esprit). Et puis aussi parce que depuis un certain temps tu nous montres ton visage nu, on s ‘est familiarisé à ta beauté nue.

    Etymologiquement (merci au Dictionnaire Historique d’Alain Rey, ma Bible à moi), dépouiller c’est « dénuder, priver de ses vêtements ».
    Par extension, en gardant l’idée fondamentale « d’ôter ce qui couvre », ce verbe est passé à d’autres types de complément : « peau d’un serpent qui mue », 1265; végétal, papillon qui sort de sa chrysalide.

    Hum….et bien voilà. Il s’agit bien d’ôter ce qui couvre, j’ai envie de rajouter « ce qui fait écran », pour achever sa mutation. De fille à femme, d’enfant à adulte.
    J’ ai le même âge que toi et le même sentiment d’apprendre à enfin être complètement moi, pour moi même, et pas dans un objectif de « faire plaisir » , c’est comme une seconde naissance.

    Peut être que cette image t’échappe aussi, parce que sous son apparent dénuement, elle est malgré tout « mise en scène » par le photographe. Et c’est cette mise en scène, cadrage assez serré, noir et blanc, pas de sourire, pas de maquillage, qui crée une certaine distance. Cette distance permet aussi de rendre pertinente la série et le travail du photographe (très intéressant, je suis allée sur son site, merci pour la découverte).

    Mais la Mai que tu vois dans le miroir, elle sourie, elle pleure et elle est en couleur, donc forcément il y a une distance. Tout simplement parce que c’est une image de toi, un regard posé sur toi.

    Bref c’est ton âme qui est en couleur, et ça t’a pris 40 ans, zéro produit et ça c’est SUPER !!!!

    • HAHAHAHAHAHA FRIDAAAAA! oui il y a ce mélange de mise à nu et de regard posé par un autre. mais ça me va que ça ne m’appartienne pas non plus totalement… SUPER8 <3

  • Un portrait est un point de vue, une mise en scène. Toutes les photographies sont exactes, aucune n’est la vérité, disait Avedon. Il avait raison.
    1/125 de seconde de notre vie ne peut révéler ce que nous sommes; nos personnalités sont complexes, nos états d’âme et nos humeurs changeantes. Cela a été cela, une facette, à un moment T. Et puis il y a cette fâcheuse tendance à projeter à partir d’un visage animé ou pas, qui fait que l’autre peut facilement être considéré comme objet, un miroir déformé de soi-même.
    Le travail d’Olivier Vinot est remarquable ! Etonnante cette même impression de calme qui se dégage de visages aussi différents et ce qui passe, transpire malgré ce calme, derrière chaque personne photographiée. Etonnant aussi comme un portrait ne « parle » pas de la même façon lorsqu’il est sorti du contexte d’une galerie, tel qu’il est présenté sur le site d’Olivier.
    Etonnant aussi l’accès que chacun.e a – pour autant qu’il y est attentif – à l’intérieur de lui-même, d’elle même et qui est inaccessible à l’autre, ce qui fait qu’il est toujours le mystère de l’autre.
    Cet accès au dedans de soi fait que personne ne peut nous voir tel que l’on peut se voir à un instant T. L’on a beau se dépouiller, quelque chose passe, quel que soit la façon dont cela est reçu en face. Frida parle de distance, je pense que cette distance est toujours là, plus ou moins importante, par rapport à ce que l’on se dit, ce que l’on ressent de ce qui se dit dans un portrait.

  • Je suis bavard encore ! pardonnez moi ! Très intéressante la série de portraits de Picasso sur Olga !
    Les différentes façons tellement variées dont il l’a représentée au fil des années ! Passionnant !

  • En te lisant, j’ai pensé à cette phrase de Kim Pasche « Soigner nos liens à nos origines. Tant qu’on ne l’a pas fait, on ne pourra pas créer d’autres liens sains. Soigner d’abord nos racines, pour se souvenir d’où nous venons et restaurer la mémoire de ce que nous sommes ».
    Ah trop vouloir ressembler à ce qu’on nous dit être le beau, la norme, l’héro(ïne) moderne, on a tendance à oublier le plus important ce qui nous définit en tant qu’être humain et en tant qu’enfant de… Mes grand-parents paternels sont nés en Algérie quand celle-ci était une colonie française, et je me suis souvent posée la question de mon lien à ce pays sans forcément trouver une réponse. Au final, je me dis que ce n’est peut-être pas le plus important de savoir mais simplement d’accepter et de remercier cette riche diversité que nous portons tous en nous. Nous sommes des enfants de France, nous sommes des enfants de la Pachamama, et nous avons tous un lien universel qui nous unit les uns aux autres.
    Merci Mai pour nous le rappeler encore un fois si justement et avec douceur.

    • merci marion pour ce com. je ne sais pourquoi mais cela m’émeut toujours de lire des française d’origines diverses s’exprimer ici. evidemment cette idée d’être à la fois citoyens du monde et héritiers de choses plus spécifiques géographiquement ou culturellement est un chemin à la fois universel et complexe. impossible de vivre au présent si l’on n’a pas explorer son passé… merci marion!

  • Est-ce que je peux me permettre un commentaire hors sujet (mais pas tant que ça)…? Je vois la photo de Melissa sur Instagram et elle me fait le même effet que celle-ci. Si, bien sûr on la reconnaît, comme on te reconnaît toi. Mais quelque chose semble plus à sa place. Je n’arrive pas à le dire autrement. Les couleurs, le maquillage, les teintures, c’est très joli et amusant, mais quand on a accès ce qu’il y a dessous, sans rien, il y a une sorte de vibration qui émerge, une vérité. Pour que ça fonctionne il faut que la personne soit bien dans sa peau, qu’elle ne soit pas en lutte avec elle-même. C’est ça que je vois dans vos deux photos… Félicitations à Melissa pour ce grand changement dont je trouve le résultat très très réussi.

    • claire tu as tous les droits de parler d’autres choses!!! la vidéo réalisée avec melissa il y a 1 an et demi a eu beaucoup de « conséquences » dans sa vie. elle est revenue à sa couleur de cheveux naturelle, et se montre avec un maquillage plus simple, plus léger. elle s’est déphasée avec une partie de son etre. et cet etre etait « simplement » comme ça. d’autres personnes sont « naturellement » « artificielles ». tu prends ma mère par exemple, elle le se reconnaît pas (encore?) sans maquillage. ca fait partie d’elle. ou de l’image qu’elle a créé pour elle même.
      donc je ne peux pas encore répondre et dire « les gens bien dans leur peau sont à leur place dans une mise en beauté minimale ». je trouve ça pas juste.
      mais je reçois en même temps ta réflexion et ton commentaire avec gratitude. merci à toi!

      • Tu as raison ! En fait je me suis mal exprimée. Disons que chacun a une justesse qui lui est propre, certains avec, certains sans maquillage, qui correspond à une personne qui est « à sa place ». Je perçois dans ta photo et celle de Melissa cette justesse, et il se trouve que toutes les deux vous êtes très naturelle dessus. Quelqu’un d’autre sentira la même justesse avec des ajouts. Je ne sais pas si ça te semble mieux comme formulation ! Bises Mai !

  • D’habitude je lise n peu les autres commentaires avant de répondre pour éviter de faire de la redite mais là je fonce tête baissée. Cet article me parle énormément : je suis actuellement dans une démarche de brainspotting et je suis face à mes mois plus jeunes. Je suis face à un mur pour grandir, je ne me vois pas adulte je ne me vois pas femme, je ne me sens pas femme. Ce que tu dis ressentir en voyant ton portrait, c’est exactement ce que j’ai ressenti pour toi. Là tu es face à toi et à ton image. Tu te vois. Et puis il y a eu quelques mots où tu évoques la Tunisie. C’était juste une courte phrase mais moi ça me chamboule ahahha. Mon père est Tunisien, il est parti à 16 ans de son pays pour « réussir » sa vie ailleurs. Il a vécu en Italie, en Allemagne, dans les rues, les gares jusqu’à rencontrer ma mère bien française originaire de Seine-et-Marne. Et ma sœur et moi sommes nées en Tunisie, adoptées de parents X. Et je me sens pleinement française. Je ne me vois pas comme une personne intégrée, je hais ce terme dans ce contexte, je me vois juste évoluant en France. En revanche, je veux soigner mes racines comme dit Marion. Il me manque un bout pour être reliée à la Terre. J’oscille entre passé et futur, je saute le présent. En fait, je ne me vois pas pour être honnête. Je voudrais me rencontrer et échanger pour mieux me comprendre. Mai tu as dû faire un sacré bout de chemin, encore merci pour nous amener à nous observer de l’intérieur et à nous accepter. Mille bises.

    • ces éléments identitaires sont tellement importants et tellement… pas en fait!
      c’est un ca et vient constant entre ce que nous sommes, nous constitue et les éléments qui échappent à cela! et qui evidemment sont les plus important à mon sens. avoir du courage, être honnête, faire face etc… ca ca vaut la peine de le développer pleinement. le reste ce sont des modalités, certes riches, certes extraordinaires meme, mais ce ne sont que des modalités. non? si?
      en revanche la ou tu as raison, et je le vois dans mon travail sur les rivieres est qu’une partie du passé, c’est comme tes névroses : si tu méconnais leur actions sur toi ou comment tu les envisages dans ta vie, ce sont elles qui te contrôlent. donc : allez allé sonia!!!! allez!❤️

      • C’est exactement ça ! À la fois important et à la fois pas important. En tout cas, le passé rattrape. Je les vois les signes et je suis ravie de les voir en fait. Parce qu’au bout du chemin, je le sais, je serai juste là et bien. Avec ce qui me compose : mes qualités, mes défauts, mes origines et mes goûts. Je rendrai un bloubiboulga de tout ça. Je serai juste moi, dépouillée des codes et en dehors des cases. Force et honneur ahaha #peace #trustmyself

  • quelle beauté! et ton post tellement profond, bienveillant, intelligent oui je sais je suis une fan absolue mais lucide ne t’y trompe pas. Ce que tu partages ici est si juste, c’est pas anodin de s’interroger sur l’image qu’on a de soi et je ne parle pas de l’image que l’on cherche a renvoyer ( ce qui est un autre débat).
    Et d’ailleurs pourquoi ne pas interroger les autres, proches ou moins proches, sur la perception qu’ils ont de nous je pense qu’on serait tous très surpris. Bon tu vois que me viennent d’autres questionnements à la lecture de tes mots.
    Merci ma douce pour tout ce que tu partages cela nourrit toujours ma réflexion sur mon chemin de vie et m’aide à avancer.
    tendres baisers

  • C’est passionnant cette transformation qui d’opère en toi, cette photo grave ce changement. On y sent la mise à nue de plus en plus forte. Je suis moi-même en grande découverte et je rencontre de nouvelles personnes. Depuis quelques temps je remarque une réaction chez mes proches qui rencontrent ces nouvelles personnes qui m’entourent, ils les trouvent fragiles où je les trouve entier. Et là cela fait écho avec ce que je vois de toi récemment, s’accepter tel qu’on est et ne pas se cacher derrière des masques. Et oui il n’y a pas de recette de miracle et ce n’est pas en ce m’étant en méditer ou à faire du yoga que l’on se met à scintiller miraculeusement par contre on peut apprendre à accepter d’avoir des faiblesses et que les gens autour de nous les perçoivent 🙂

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