Timide

Moi? Jamais!

merci pour tous vos commentaires sur le dernier post à propos du corps. j’apprends tellement de choses en lisant vos réactions et commentaires! merci!

alors voilà ce que j’ai appris encore à spirit horse : je suis une grande timide. ah bah je ne pensais pas vous voyez! moi qui donne des cours depuis 20 ans, rencontre des tonnes de personnes pour les filmer, les écouter… je ne pensais pas être si timide.

je m’en suis rendue dans mon incapacité à aller voir l’autre. à le regarder dans les yeux. à lui parler de vive voix. pourtant j’avais que des choses sympas à leur dire. « avec vos tresses argentées sans fin madame, vos jupes colorées et brodées, je vous trouve tellement belle » « j’ai appris que tu avais fait ca cette année. bravo. ça me semble incroyable, raconte moi » « c’est comment quand on but dans les bois? « tes enfants et toi, qui vivez dans ce bus tout ré-aménagé, entouré de ta musique, de ta guitare, de ton violon, ta môme tordue de rire, les cheveux plein de paille, j’ai envie de vous filmer, de raconter votre histoire. raconte moi tout »

impossible.

je m’en suis rendue compte aussi à la fermeture du festival « Caldron for All ». comme à l’ouverture, il y a un cercle de parole. chacun se présente, chacun partage ses états d’âme, voire son âme toute entière. libre à chacun, mais chacun parle. et une émotion immense me saisit à chaque fois. à la clôture, je me suis mise à chialer comme un bébé. parce qu’en fait, qu’on ME donne la parole, pas à la color designer, pas a la prof, pas a la pro, pas a la blogueuse, mais juste à MOI, et bien j’en tremble comme une feuille…
et quand tu es accueillie par 150 personnes, dans cette vulnérabilité,  cette timidité, ces larmes, sans qu’on le prenne comme un problème à résoudre, et bah c’est encore plus la chiale.

du coup je n’arrive pas à savoir si je suis timide ou si juste je me sens vulnérable de montrer qui je suis. (le « je » étant moins important que le « suis » d’ailleurs).

en rentrant j’ai fait remarqué à Jerry à quel point cette annee avait été cool. et me suis reprise de suite. c’était pas cool mais « coulant » car en re-listant tout ce que la communauté avait traversé ensemble cette été, j’ai mesuré les épreuves, les états d’âme justement, certains parlaient de profonde tristesse, d’autres de colère, d’autre au contraire de grande joie, etc et je me disais comment est il possible que l’on puisse accueillir en soi et accepter en l’autre autant d’intensité et de diversité.

et je me suis dis : juste le faire. accueillir ce qui est. me laisser accueillir comme je suis. c’est sûrement ça que notre Brene Brown  appelle « true belonging »…. #chiale

donc voilà, je voulais ramener ça à la maison. dans la vie en ville. dans ce blog.

belle journée à tous!

Il y a 7 ans / Bouche 33 commentaire(s)

33 commentaire(s)

  • Mai. Yes. (se) laisser couleur : accepter l’immersion – le flux. Et le regard de l’autre. Le regard comme un truc immensément doux posé sur soi. Pfiou. Je viens de faire un tour sur le blog de Marie, et son Liquid sunshine résonne avec ça (https://youtu.be/0QUHj_6XS3I). Enfin j’en sais rien, mais là pendant une seconde ça s’intercalait bien. Bon. Merci.

  • alala la question de la timidité et de la vulnérabilité… ça me parle, tu peux pas savoir!
    dans mon cas ça touche beaucoup à la question de la légitimité. dans le cadre du travail, il y a une raison qui « m’autorise » à être là, à parler, à faire (bon je questionne sans cesse ma légitimité au travail aussi, c’est pas aussi compartimenté que ça) mais quand je rencontre les gens pour la première fois, ou que je dois « juste » m’exprimer dans un cadre dans lequel je ne me sens pas « légitime » ou dans lequel je dois juste être, alors là, panique à bord! (littéralement)
    prendre des photos ça aide, ou filmer. sans cet objet qui te donne la légitimité de regarder, de questionner, tu es un peu comme un musicien avec sa guitare, à qui on demande de chanter sans la guitare. d’un coup, t’es nu.
    tu connais la conférence TED d’Elizabeth Gilbert sur le génie? pas directement lié, mais je ne sais pas pourquoi ça me fait penser à ça!
    merci pour ce joli post en tous cas Mai!

    • je vais aller regarder. oui la question de la légitimité est cruciale pour beaucoup de gens. reste à savoir ce qui exactement serait légitime selon toi. me concernant je n’ai jamais osé parler politique parce que pas assez informée, pas assez invincible dans ma réthorique. et puis un jour une amie très engagée (féministe) m’a dit « nan mais ca m’arrive de dire de grosses conneries » et puis après on lui et puis elle réfléchis et puis ca la nourrit. etc. on peut pas attendre d’avoir raison pour parler! et même au taffe en fait, si tu es la, c’est qu’il y a bien une raison! allez allez!

  • La première fois que je l’ai vue, c’était sur ce tableau de John Singer Sargent, à la Fondation Beyeler. Elle traversait cette ruelle. C’était une fin de journée de septembre. Rien ne m’avait préparé à la fulgurance de cette rencontre. Lorsque je l’ai aperçue, le temps s’est mis en suspension, l’espace s’est aboli, j’étais entièrement captif de ce face à face avec elle qui n’en finissait pas de s’apprêter à me dépasser. Sa présence discrète, ponctuée d’une grosse fleur rouge dans les cheveux, me ravissait. Et, sans que je parvienne encore aujourd’hui à m’expliquer pourquoi, je fus saisi d’un impérieux besoin de l’aborder. Je voulais qu’elle sache qu’elle était pour moi la passante selon mon cœur.
    Mais comment faire? Lui dire:
    – Mademoiselle, je suis follement amoureux de vous. Vous êtes le bonheur, je le sais, tous les poètes l’ont dit, on le reconnaît quand on sent qu’il nous échappe.
    Non, elle me prendrait pour un détraqué. Mais alors quoi? Ne rien faire? La laisser passer, et prendre le risque de perdre celle qui était peut-être une femme du destin? Ce qui me restait de raison s’évertuait à me signaler que j’étais en train de délirer, mais rien n’y faisait. On sait bien que le cœur, etc. Et mon trouble ne fit que s’accroître lorsque je vis d’autres visiteurs s’approcher de la toile. S’il y avait parmi eux un beau parleur plus culotté que moi? Heureusement, il ne vint à l’idée de personne de lui adresser la parole. Je savais que si je tardais, elle finirait par me dépasser, me frôlant avec le froufrou de sa robe, m’enivrant des effluves de son parfum durant quelques instants. Je l’imaginais s’éloigner à tout jamais d’une démarche gracieusement nonchalante. Il m’était insupportable de n’être rien pour elle, alors qu’elle m’avait brûlé la rétine. Comme tous les foudroyés de l’angelot sournois, je m’affolais, tournant comme une girouette en me demandant si j’avais bien ce que j’avais vu, et si ce que j’avais vu m’étais favorable ou défavorable, sans jamais parvenir à trancher sur aucune des questions que je me posais:
    – M’a-t-elle aperçu? J’ai l’impression qu’elle m’a souri… Oui, mais ce sourire ne m’était peut-être pas adressé… A-t-elle un amoureux. Pense-t-elle à lui en ce moment? Mais tout de même, elle n’a pas pu ne pas me remarquer!
    Si je doutais que l’amour passe par le regard, la passante de Sargent m’en donnait la preuve! J’étais absorbé par sa toile, et je piétinais comme un furieux sans parvenir à me décider. Pendant ce temps, dans cette ruelle si tranquille, deux femmes épluchaient les légumes pour le repas de midi. Deux gaillards discutaient, et j’avais l’impression que l’un d’eux me regardait l’air de se demander pourquoi je restais là les bras pendants, comme un ballot. Je devais me rendre à l’évidence: j’étais bien trop timide pour prendre une quelconque initiative. Mais tout n’était pas perdu. Je me disais que si elle empruntait ce chemin en rentrant du travail à cette même heure, je n’aurais qu’à modifier mon parcours pour rentrer chez moi. Je pourrais alors être chaque jour à ce rendez-vous de passage. Elle finirait bien par me remarquer. Peut-être même qu’au bout de quelques jours j’oserais la saluer. Ah! Comme je manquais d’audace! Ne valait pas mieux me jeter à genoux et me déclarer tout de go, au lieu de me perdre en ratiocinations?

    Tandis que je tentais d’échafauder un plan pour l’approcher, les haut-parleurs annonçaient la fermeture du musée. Je n’y prêtais aucune attention. Soudain j’entendis une voix féminine me dire:
    – J’ai l’impression que vous êtes un peu dépassé…
    Je me retournais et me retrouvais nez à nez avec… Ma passante! Elle était là, devant moi, en chair et en os! Elle était habillée comme sur le tableau, si ce n’est sa fleur, qui était rose aujourd’hui.
    – Je vous ai attendu longtemps, me dit-elle.
    Je m’exclamais:
    – Mais c’est de la folie! Comment est-ce possible? … Le tableau… Vous…
    – Je sais, mais ne vous inquiétez pas: moi aussi je suis dépassée, répondit-elle en riant. Mais venez, allons dans le parc, et je vous raconterai toute l’histoire.
    C’est ainsi que je devais apprendre que j’avais en face de moi rien de moins que l’aïeule de John Singer Sargent. Et je n’étais pas au bout de mes surprises. Lorsque je lui demandais comment il était possible qu’elle figure sur ce tableau, elle eut cette incroyable explication:
    – Dans son testament, Sargent a voulu que cette toile appartienne aux femmes de sa lignée. La maîtrise de son art lui a permis de reproduire une passante qui est la quintessence du féminin de notre famille. Nous sommes toutes elles, comme elle nous représente toutes. Et chaque fois qu’elle a permis à l’une d’entre nous de rencontrer l’amour, nous le transmettons à la suivante.
    – Mais vous voulez dire que vous vous ressemblez toutes?
    – Oui, nous avons d’étonnantes ressemblances. Mais tout l’art de mon aïeul fut de créer un flou reconnaissable afin que celui qui serait notre élu puisse cristalliser son désir sur la passante. Et jusqu’à ce jour, toutes celles que le tableau a servi ont eu un couple heureux.
    – Mais comment savez-vous que c’est moi? Je n’ai fait que regarder le tableau avec une certaine insistance, c’est vrai, mais…
    – C’est vous, me répondit-elle en baissant les yeux. Je l’ai tout de suite su à la manière dont vous me regardiez à travers elle. J’ai déposé ce tableau en prêt ici il y a maintenant deux mois, et je viens tous les jours observer les visiteurs passer devant la passante. Vous êtes le seul à être bouleversé au point d’avoir la folie de vouloir lui parler.
    Je n’arriverais pas à décrire la joie qui m’envahit en écoutant celle dont j’appris qu’elle s’appelait Rose. Quelques minutes auparavant, j’étais au désespoir de me retrouver face à la représentation d’une inconnue dans une Venise d’un autre siècle, qui faisait palpiter mon cœur alors qu’elle m’était à tout jamais inaccessible, faisant de moi le spectateur inconsolable d’un impossible bonheur. Et voilà que je lui parlais!
    – Cette rencontre est tellement improbable, lui dis-je. J’ai peur que ce soit encore mon imagination qui me joue des tours, et que je finisse par me réveiller en me retrouvant de nouveau seul face au tableau.
    – Alors, fuyons! me lança Rose en me prenant par la main.
    Et nous partîmes en courant à travers le parc de la fondation pour sauter dans un tram qui nous ramena au centre de Bâle. Nous continuions à nous tenir par la main, et je regardais mon invraisemblable passante avec reconnaissance. Grâce à elle, je venais de faire un pied de nez à Baudelaire et à Nerval qui avaient eu tant de plaisir à voir leur passante leur échapper, leur préférant un poème. C’était une petite victoire sur les chantres des paradis perdus qui éprouvent une jouissance morbide à triturer les cordes de la mélancolie. Le bonheur passait… Je ne l’avais pas fui!
    Ah la timidité … ! Je ne sais pas de qui est ce très beau texte qui se réfère au tableau de John Singer Sargent, «Une rue de Venise», 1882 !
    Le professeur Mihaly Csikszentmihalyi (à vos souhaits 😉 !) après avoir interrogé des centaines de créateurs, artistes ou scientifiques considère que le créateur, la créatrice n’existe pas en soi; le contexte est essentiel. La créativité semble plutôt jaillir quand on a un caractère composite, voire contradictoire : extraverti et timide, orgueilleux et modeste, lucide et naïf, masculin et féminin, ordonné et chaotique, etc.
    Marshal B Rosenberg ! je confirme ! « les mots sont des fenêtres » la Communication Non Violente, essentiel ! et puis Isabelle Padovani qui est un peu le relai de MBR.

      • « Le garçon que j’avais rencontré était timide et avait des difficultés à s’exprimer. Il aimait se faire guider, se faire prendre par la main pour pénétrer sans réserve dans un nouveau monde. Il était masculin et protecteur, tout en étant féminin et soumis.
        Méticuleux dans son habillement et ses manières, il était également capable d’un désordre terrifiant dans son travail. Ses univers intimes étaient solitaires et dangereux, en attente de liberté, d’extase et de délivrance. » Just Kids Patti Smith
        « Je fais partie des grands timides, et si j’ai pu pratiquer ce métier, c’est dans une inconscience totale… Toute ma jeunesse, j’ai eu l’impression d’être spectatrice de la vie. J’avais la sensation que la vie active était pour les autres, pas pour moi, parce que je doutais de tout, de ce que je voulais devenir… Puis, à un moment donné, j’ai pensé : “Pourquoi pas moi ?” C’est comme ça qu’après ma formation de théâtre, j’ai commencé à aller dans la rue avec mon masque, ou dans les cafés-théâtres en demandant à monter sur scène sans avoir rien écrit. Et c’est ce “Pourquoi pas moi ?” qui continue de me prendre régulièrement et m’incite à agir. Je suis timide, mais soudain très culottée. » Yolande Moreau
        « Je rencontre Marie Trintignant. J’ai 20 ans, elle en a 33, et elle a des enfants. On tombe amoureux. Tout de suite. Je ne sais pas ce qu’elle me trouvait, j’étais timide, inculte, complètement coincé. Je ne connaissais ni sa vie ni sa carrière. Mais on m’avait parlé d’elle pour le court-métrage que j’écrivais et je lui avais envoyé le projet. Elle avait répondu : « J’adore ! Je le fais ! » J’ai voulu transformer le projet en long-métrage mais je n’ai jamais réussi à trouver le moindre sou. » Samuel Benchetrit
        « Quand j’ai passé mon audition de troisième année, je jouais Richard III. Je ne comprenais pas pourquoi notre prof m’avait donné ce rôle, moi qui étais un mec un peu timide, assez malingre… Mais en le jouant, j’ai découvert une partie de moi dont je n’avais absolument pas conscience − la violence, l’autorité, la mégalomanie. Il avait eu l’intelligence de me donner un rôle qui me permettait de m’explorer, de mieux me connaître. » Cyril Dion
        « Tandis qu’en plateau, il apparaît calme, réservé voire timide, Mehdi Meklat, publie une logorrhée d’injures sur le réseau social, sous pseudo. »
        Ces extraits corroborent bien l’analyse du professeur Mihaly Csikszentmihalyi !
        L’histoire de la balance : un déséquilibre; trop de … d’un côté, pas assez de l’autre !
        Et puis cela :
        La famille s’était installée au restaurant. La serveuse prit d’abord les commandes des adultes puis se tourna vers le petit garçon de sept ans.
        « Qu’est-ce que tu vas prendre ? » demanda-t-elle.
        Le petit garçon jeta un regard timide autour de la table et dit : « J’aimerais un hot dog. »
        Avant que la serveuse pût noter la commande, la mère intervint : « Pas de hot dog, dit-elle. Apportez-lui un bifteck avec purée de pommes de terre et carottes. »
        La serveuse ne prêta aucune attention à la mère : « Veux-tu du ketchup ou de la moutarde avec ton hot dog ? demanda-t-elle au petit garçon.
        – Du ketchup.
        – Ça vient tout de suite », dit la serveuse en se dirigeant vers la cuisine.
        Tout le monde resta muet de stupeur. Finalement le petit garçon regarda chacun de ceux qui étaient là et dit : « Savez-vous une chose ? Pour elle, j’existe vraiment ! »
        Mais Mai après la nudité, la timidité ! Pourquoi ces sujets aussi intimidants ?
        J’arrête pour aujourd’hui ! P R O M I S !

  • Tiens c est drôle j hésitais entre 2 livres de Brene Brown dont le pouvoir de la vulnérabilité.
    Timide ça je.le suis surtout lorsque je suis impressionnée par la personne.
    En public je peux être timide sauf si je sais que je maîtrise le sujet…ah ce mot maîtriser, cette peur de se tromper. Je sais aussi que les gens ne sont pas tendres (dans mon milieu pro) il n y a pas de bienveillance ou tellement peu. …que chaque fois que je prends la parole j ai l impression d être sur la défensive et du coup ça me déstabilise. Mais je sais aussi que depuis quelques temps j ose…timidement mais j ose.
    Dans ton cas je pense que j’aurai été comme toi. Parce que nous n avons pas l habitude de cet espace de parole sans peur d être jugé. Le soucis je pense c est que l on part toujours de la critique…toujours. Il faut toujours trouvé un truc et on ne laisse pas la place à la découverte…toujours cet a priori qui nous barre le chemin nous bloque. Moi on m appelle bisounours au boulot parce que je laisse cette place…je veux y croire. Ensuite si ça ne fonctionne pas …ben ok je me suis trompée et…et rien en fait je rectifie le tire c est tout.
    Et puis toujours cette bienveillance…notre société la perd. Il faut avoir raison. Parfois ce n est plus dans une discussion mais dans un monologue…
    Bref timide ou vulnérable…il faut foncer et oser tant pis si on se plante…osons (mouai c est moi qui dit ça…???)
    Mille bises Mai.

  • Cette question de timidité, ça colle drôlement avec la question de la nudité, du coup.
    Quand on est pas dans le prisme du travail, ou sollicité ou « légitimé » pour ou par une compétence particulière, on est un peu à poil, non ? Pourquoi, parce qu’on se demande qui on est, ce qu’il nous reste…? On attends pas un peu trop de nous…?
    Et en même temps le juste soi, il est multiple, il est nourri de chacune de nos facettes (notre nature profonde, nos centres d’intérêts, nos échanges, nos lectures, notre coté pro, nos loisirs…) mais il est aussi en perpétuel mouvement, tous les échanges qui ont lieu ici en sont je trouve une sacrée illustration.

    Une autre réflexion qui me trotte en tête depuis que j’ai lu ton post ce matin tôt, j’ai un coté très réservé qui ne se perçoit pas nécessairement de l’extérieur, je me pose la question suivante : dans la timidité, j’ai la majeure du temps eu l’impression qu’on est timide parce qu’on a peur de ne rien avoir de suffisamment intéressant, ou légitime, à donner mais en y réfléchissant, je me dis que c’est peut être plus de l’ordre d’une difficulté ou une appréhension à recevoir, d’une peur de ce qui va ou pas se passer.

    Pardon, c’est un peu des réflexions en vrac…
    Une belle journée!

    (PS : j’adhère à fond à la réflexion très intéressante d’Edouard sur le corps comme objet, comme marchandise dans les coms du post précédent)

    • oui c’est tout a fait en lien avec la nudité! a « offrir » et « recevoir »! tu as raison!
      pour ton premier point savoir et montrer qui « je suis » est primordial mais le « je », facetté et dynamique comme tu le dis, est finalement moins important que le « suis ». c’est le moment présent qui compte. ce qu’il se passe en toi à ce moment précis.
      point 2, oui je pense que les timides voient à 2 coups. ils ont peur de se montrer parce qu’ils ont peur de ne pas être accueillis. donc on est sans doute tous timides à un moment. ça nourrit de savoir a quel moment justement. qu’est ce qui s’active réellement?!

  • Je n ai jamais pense que j etais timide, et ce n est pas ce que les autres pensent de moi au premier abord.
    Mais en te lisant je m apercois que je comprends parfaitement cette sensation de timidite.
    En fait je suis timide quand il s agit d etre vraiment moi, d exprimer qui je suis vraiment au plus profond de moi.
    Timide dans son sens latin originel signifie « qui a peur ». (Dictionnaire historique de la langue francaise…. Mon grand ami ?). Au fond, n est ce pas cela, cette peur enfouie qui nous colle a la peau quand il s agit d etre nous tout simplement.
    JAcques Martel ( Le grand dictionnaire des malaises et des maladies) dit :
    La timidite me fait passer a cote de choses merveilleuses. J evite les gens que je ne connais pas. Craignant d etre juge, je renonce aux choses nouvelles pretextant qu elles ne sont pas pour moi….je reste dans un cadre bien etabli ou je ne me sens ni blesse, ni rejeté, ni incompris…´

    C est curieux, lisant cela, je me dit que l on apprend pas du tout cela quand est petit: etre soi, oser sa difference, dans le respect et la bienveillance, sans peur d etre jugé, critique.

    Au fond, moi je ne me suis jamais sentie vraiment « normale » et j ai identifie cela tres petite.
    Par contre j ai compris cela tres vite, et comme j ai une grande adaptabilite, j ai su me conformer aux codes des autres, bref la plupart du temps j enfile un costume, comme on met un rouge a levres.?

    Apres forcement ca finit toujours par craquer un peu.
    La c est en chemin, etre soi, etre bien avec des gens qui m acceptent telle que je suis, et aiment celle que je suis « bien ».

    Et la ou je suis vraiment moi c est quand je cree. Je t invite a lire « Comme par magie » d Elisabeth Gilbert (la couverture de l edition francaise est super moche, et le titre sonne mieux en anglais BIG MAGIC). Ce livre m accompagne depuis le debut de l ete et m a fait un bien fou.
    COurage, Enchantement, Permission, Persistance, Confiance et Divinite….ce sont les titres des chapitres.

    Et puis la timidite, c est ne pas oser laisser un commentaire ici…..j ai mis plusieurs annees avant de venir ecrire mes mots ici.

    Alors tout simplement… Merci Mai

    • frida! merci pour ton com! eh bien je pense qu’il y a des stades à passer. ce fameux grandir. les enfants ont un passage ou ils deviennent pudiques. plus sauvages, plus timides, plus rebelles. etc. donc montrer qui on est (encore un fois « est » est plus important que « on ») est un apprentissage parmi d’autres sur ce chemin de « grandir ». et cette peur d’être rejeté, incompris, de ne pas « belong » est tout à fait naturel. c’est bien de s’en rndre compte quand ca se met en place afin juste de la ressentir et puis… adviendra que pourra!

  • « accueillir ce qui est. me laisser accueillir comme je suis »
    En creux, il y a ce « je » me laisse accueillir comme je suis
    Plus haut tu écris « (le « je » étant moins important que le « suis » d’ailleurs) ».
    Se désidentifier de ce « je» et en même temps comment ne pas parler de ce « je » qui nous permet d’être en lien avec les autres.
    Autre chose, j’ai l’impression qu’il y a dans un premier temps, en toi, une confusion dont tu n’es pas dupe, (confusion le mot est trop fort) entre timidité et vulnérabilité.
    « je n’arrive pas à savoir si je suis timide ou si juste je me sens vulnérable de montrer qui je suis. »
    Que nous soyons vulnérables, fragiles, chaque jour nous en apporte la preuve.
    La timidité nous confronte à notre vulnérabilité mais n’est pas celle-ci.
    Ce désidentifier de cette timidité. C’est le « je » qui fait qu’il y a timidité.
    Se montrer qui je suis !
    JE me montre qui JE suis ! Etonnante mise en abîme que nous pratiquons tous !
    Accueillir en soi, plutôt, comme tu l’écris : « accueillir en soi et accepter en l’autre autant d’intensité et de diversité ».
    Accueillir en soi accepter en soi
    Accueillir et accepter les parts de l’autre, les parts de soi et ne pas rester collé à ces parts, à toute cette diversité.

  • Timide, « Shy » en anglais, comme un chuchotement (lequel ?) devant le « y » qui se prononce comme le « I » le « je » qui s’écrit avec une majuscule en toute circonstances, s’il vous plaît, en anglais ! L’anglais n’est pas n’importe qui ! Il habite sur une île, alors que nous sommes de vulgaires continentaux ! 😉 J’arrête là ! je n’ai pas tenu ma résolution ! J’ai eu envie de me moquer et de jouer avec la langue de Shakespeare ! Les english, je les kiff !

  • En te lisant et en lisant les commentaires (très enrichissants:)je me dis que l’on est peut être tous plus ou moins timides, mais que l’on compose pour éviter de se dévoiler et montrer/dire qui on est vraiment… Merci pour les pistes de lecture!

  • Autre chose me vient à l’esprit : comment faire pour que nos enfants osent s’exprimer et exprimer qui ils sont? C’est tout ?… J’ai vraiment envie qu’ils puissent avoir cette liberté (encore cette notion de liberté) mais l’impression de leur avoir transmis ma réserve même si j’y travaille!

    • chacun doit réaliser son propre chemin. les commentaires montrent ici les différences infinies d’expériences, ressentis… on a tous des passages où c’est plus simple , plus compliqué etc. mais globalement, j’aime ce que dis brene brown (encore) soyons les adultes que nous aimerions qu’ils deviennent 😉

  • AHHHAHH mais oui moi je crois que tu es timide, que je suis timide et qu’on est tous timide….
    mes amis disent de moi que je suis une bucheronne, et quand je leur dit que je suis timide, ben ils rigolent, parce que ce que j’envoi est en fait un filtre…la meuf volontaire, qui assume, qui est bon public pour tes blagues, qui est « sociable »…mais qui quand elle a épuisé toutes ses belles ressources, s’écroule pouf d’un coup!
    alors je plussoie à la lecture de Brene Brown car depuis que j’ai lu ce livre, j’accepte cette part là en moi et je laisse ma timidité profonde s’exprimer. Etre assise à deux sièges de ce chorégraphe que j’adore et ne pas oser lui dire merci mais réussir à dire à la fille qui fait la queue à la boulangerie l’autre matin (gris pluvieux à donf) que sa tenue ( jupe et pull rose- pêche) me fait du bien.
    mais je fais un métier qui pour ça est super, je suis libraire, alors je joue à la marchande et même si mon boulot c’est de partager mes émotions, je sais mieux aujourd’hui les qualifier ( un truc à donner à tout le monde ou non?). Ma fille est très volontaire et bavarde aussi mais elle est capable de grande timidité, magique quoi 🙂

    • merci juliette-iocha! je crois que ça nous fait toucher à notre vulnérabilité, parce que nous avons toujours peur de ne pas accéder à ce « true belonging » dont parle brené! et puis parfois, tu arrives à te raisonner, et tu y vas. parce que la vie est courte non?! et puis parfois non, mais toutes ces émotions ca rend vivant non?! que de thrill!

  • Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable. Kalil Gibran Vos enfants ne sont pas vos enfants.
    Un arc instable, une flêche timide, en quelque sorte …celle qui a peur de ne pas atteindre son but !

  • Ce post et le précédant plus ceux où il est question de perfection ainsi que les aléas de la vie m’ont donné envie de relire « la simplicité » dans « Petit traité des grandes vertus » d’A Comte Sponville. Extrait : « Ces gens là ( les sophistes, les précieux ridicules) ne sont pas simples; ils ne sont point à leur aise avec les autres, et les autres ne sont point à leur aise avec eux; on y trouve rien d’aisé, rien de libre, rien d’ingénu, rien de naturel; on aimerait mieux des gens moins réguliers et plus imparfaits, qui fussent moins composés. Voilà le goût des hommes, et celui de Dieu est de même : il veut des âmes qui ne soient point occupées d’elles, et comme toujours au miroir pour se composer. » Fénelon
    Le désir de lâcher prise s’explique sans doute aussi par un désir de plus de simplicité. La timidité, le désir de perfection, l’image que l’on souhaite donner qui nous en éloignent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *