Owning Your Own Shadow

à la rencontre de notre Génie

certains bouquins ont un pouvoir transformatif qui approche de la magie. nous avions parlé de Harry Potter évidemment, voici maintenant Own Your Own Shadow – Understanding the Dark Side of the Psyche (Habitez Votre Part d’Ombre – Comprendre la Côté Sombre de la Psyche)(je parie que Jk Rowling’s l’a lu!). Pour vous situer l’auteur Robert A. Johnson, il s’agit d’un psychanalyste jungien, qui travaille donc beaucoup sur les archétypes. j’avais lu de lui « He » sur la psychologie archétypale masculine (basée sur le mythe de Perceval)(trop génial) et « She« , son pendant féminin (sur l’archétype de Psyché)(plus complexe)(on se demande pourquoi)

comme d’habitude vous n’aurez pas une revue journalistique du livre qui malgré sa faible longueur (130 pages) présente mille aspects. j’en ai retenu 3.

1- naissance du shadow

il n’y a pas de définition spécifique du shadow. il y en a plusieurs en fait. la première consiste à dire que nous vivons dans des sociétés et des cultures, des civilisations qui nous font atteindre collectivement un niveau de sophistication ou de beauté qu’on ne peut remettre en question. pour autant, vivre en société nécessite de se mettre d’accord sur des règles parfois arbitraires, qui ont le mérite de nous faire de vivre ensemble, à des millions mêmes, anonymes et dans une paix relative. le prix à payer est de nier une partie de l’individu, qui pour “se mettre dans le moule” va construire une personnalité compatible, la plus vertueuse possible, pour “briller” en société, ou juste faire partie d’elle. l’être pourtant est plus complet, plus complexe. il va donc devoir nier toute une partie de lui même, son Ombre.

la deuxième def vient d’un prêtre je crois, ami de Robert A. Johnson. le shadow est à la fois la partie mise plus ou moins consciemment sous le tapis, mais aussi toute la partie totalement inconnue au conscient. il dit que pour dangereux qu’il soit, le shadow (anti-vertueux) est la partie qu’il préfère de l’individu car ce serait la plus vraie. 

quelque soit la définition, le shadow souvent vous saute à la gueule vers la quarantaine. la fameuse crise de la quarantaine où le monde que l’on a construit s’écroule. pourquoi s’écroule t il? parce qu’il s’est construit en dehors du shadow et que ce shadow vient réclamer sa part. les dénis et les contre vérités sur votre personnalité et vos constructions vont être mises à mal. combien de divorces? combien de parents “odieux”? combien d’adultères? combien de démissions? de burn out?!

la théorie de Johnson, est que toute l’énergie que nous mettons dans notre partie “claire” est autant qui se construit inconsciemment dans l’ombre. et de donner l’exemple de ces amis qui sont restés à la maison pendant 15 jours au lieu de 3. johnson reste poli, hospitalier, compréhensif. les amis partis, il sort de chez lui et avant même de comprendre quoique ce soit, le voici en train de hurler sur la caissière du coin. comment éviter ca? : honorer notre ombre, la reconnaître et accomplir un acte psycho-magique pour l’honorer : hurler des insultes (à un mur,  pas à la caissière), taper dans un coussin, écrire un poème dégueulasse…

on le savait déjà, connaître son shadow nous rend moins dangereux. nous en avions parlé avec spinoza, et jerry dans son Play From Your Fucking Heart. mais là on va plus loin avec le comment gérer l’ombre au delà de son exploration. et bien :

 

2- soyons… religieux!

piting je pensais pas écrire ça un jour mais c’est ma partie préférée du livre.

religion vient du mot re-lier. la religion, dans le sens premier, n’est pas de nous faire adhérer à un dogme mais de nous “re-lier”, de prendre toutes les parties de nous pour que nous devenions “un.e”, et sacré.e. en anglais “holy” (sacré) voudrait donc dire “to make whole” (“entier”).

c’est ce qui explique les sacrifices, les jeûnes, l’obéissance, la violence parfois présente dans nombre de religions. nous permettre d’être entier. c’est ce qui explique aussi notre fascination pour le morbide, les news dégueulasses, la cruauté de Games of Thrones… c’est tout notre shadow qui se trouve projeté à l’extérieur de nous. on reparle projection ensuite.

 

3- notre génie intérieur

« it is by going down into the abyss that we recover the treasures of life » disait, Joseph Campbell (sans doute lui aussi avait il lu Johnson!)

car évidemment si la promesse première de l’exploration du shadow est de nous rendre moins dangereux pour autrui et moins étranger à nous-même (le fameux “je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ça ne me ressemble pas” “-bah c’est toi pourtant”), il y en a une deuxième : découvrir notre génie intérieur. (encore une fois, piratez et regardez THE WORK)

johnson admet qu’il est facile pour ses patients de sortir les squelettes du placard. qu’ils le font assez vite même. en revanche,  reconnaître leur génie, leur don, ce qui les rend si uniques, si brillants, est une part qu’ils ne veulent absolument pas reconnaître, qu’en pensez vous? ça m’a tellement parlé!

 

4- projection

alors évidemment toute personne ignorant son shadow va le projeter sur le monde qui l’entoure (voir supra) mais surtout sur autrui. parfois de manière extrêmement toxique. écoutez bien les gens autour de vous parler d’autrui et vous saurez tout d’eux.elles! cela peut se faire dans l’inter-generationnel : votre enfant va pointer le shadow que vous n’arrivez pas à reconnaître : ah oui t’es une mère parfaite, bah je vais te montrer la limite de ton désir de contrôle et être… incontrôlable! (wow piting). johnson relate aussi cet exemple incroyable d’un père pour qui tout semble bien aller mais qui ne rêve pas. c’est son fils qui va faire des cauchemars à sa place! jusqu’à ce que le père investisse son ombre, son shadow et se remette à rêver. en laissant son fils avec ses rêves à lui. quelle puissance! parents, watch out, and please own your shadow!!!!!!

la projection collective peut bien sûr être très dangereuse lorsqu’elle est récupérée par des mouvements extrémistes. mais pire encore, la projection non reconnue peut arriver à l’incarnation en une réalité tangible! ainsi Deepak Chopra a écrit cet article incroyable sur Trump au moment de son élection : il est l’incarnation de notre part d’ombre, celle que nous nous traînons collectivement et qui à force de ne pas être reconnue est finalement devenue une réalité.

la projection se fait parfois aussi d’une manière qui va vous faire toucher dieu : la passion amoureuse.

pourquoi aimons nous tant au début d’une relation amoureuse, pourquoi nous “tombons amoureux” (in love/“dans l’amour”), parce que ne connaissant pas encore l’autre (qui souvent ne se connaît pas lui-elle-même), nous aimons notre génie intérieur projeté sur lui.elle. cet amour parfaitement interdit (on n’a pas le droit de s’aimer à ce point), est d’une puissance invraisemblable… n’est ce pas?!!! on le voir très dans « her » : comment on peut tomber amoureux d’un robot, qui accueille cette projection de notre dieu/déesse intérieur.e
c’est parce qu’on se retrouve « entier/sacré » grâce à l’autre.

évidemment aimer est une toute autre chose. et il est parfois difficile quand on a touché à l’amour divin de redescendre vers un amour terrestre : celui de l’autre. pas en tant que projection mais en tant que lui même.

 

5- (je sais on avait dit 3) le mandala-mandorla

il y a une toute une explication fabuleuse des formes du cercle (mandala) qui justement nous réuni dans nos différents cycles de vie et celle de l’amande (mandorla), la partie commune à nos 2 cercles clarté/ombre, humain/divin. plus nous avançons dans notre chemin et plus les cercles vont se rapprocher, jusqu’à se superposer, la dualité qui devient « une ». la réconciliation promise par la quête du shadow, est ce qui fait remonter notre vérité, notre magie des tréfonds de l’existence.

et d’achever le livre, sur ces mots magnifiques :

le mandorla n’est pas un lieu de neutralité ou de compromis, c’est un lieu où naissent les perroquets et les arcs en ciel

ce livre n’est malheureusement pas traduit en français. j’espère que ce post vous en donnera les meilleures couleurs! sur votre chemin vers la voie du milieu!

cheerz!

Il y a 6 ans / Bouche 21 commentaire(s)

21 commentaire(s)

  • J’ai connu un potier dans le Berry : quand ça le faisait chier de faire des assiettes, toujours les mêmes, il prenait sa terre et il faisait un monstre. Un énorme monstre. En terre cuite. Et il disait : « Je fais ça parce qu’il faut que ça sorte ! J’en ai plein comme ça à l’intérieur de moi ! » Il avait raison. Il faut laisser sortir ses monstres, si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent.
    Avis des internautes – Rédiger un commentaire

    Je n’ai pas lu le livre
    , mais c’est la 4éme de couverture du dernier livres sur Depardieu, intitulé, monstres

    • merci! quel exemple génial. moi mon frère peint de monstres depuis qu’il est petit, je me suis toujours demandé pourquoi. mnt… un peu moins. j’ai entendu alex lutz parler de ce livre et ça peut être intéressant de lire gégé! merci!

  • J’attendais ce post avec impatience. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi tant d’impatience. Juste que tes mots de ce livre résonnent dans cette zone dans laquelle je suis depuis plusieurs semaines la dualité entre ombres/lumières pour me faire accepter ma zone de génie. C’est dur, épuisant, révoltant…. Je suis comme un volcan prêt à exploser…. Merci car ce post met la lumière sur cette traversée de lave. Waouh…. juste puissant. Gratitude!

    • oui, on se confronte, c’est dur, révoltant comme tu le dis, mais la plus grande confrontation me semble t il est devant l’idée que l’on se faisait de soi. l’acceptation de notre imperfection nécessite un peu de taffe! hahahah
      belle belle exploration, au bout il y a ton génie qui t’attend hein! love

  • Très très intéressant. Marianne Williamson a dit «Notre peur la plus profonde n’est pas d’être inadéquats, notre peur la plus profonde est d’être puissants au-delà de toute limite. C’est notre lumière, pas notre part d’ombre, qui nous effraie le plus. Nous nous demandons, qui suis-je pour oser être brillant, magnifique, talentueux, fabuleux? Mais en fait, qui suis-je pour ne pas l’être?» Merci Mai de me faire découvrir cet auteur Robert A. Johnson qui m’a l’air génial !

  • Merci Merci pour cette review que j’attendais tant !

    Les ombres ! Quel vaste programme ! Allez les chercher, les regarder, les toucher, les malaxer et les accepter.
    Et ça me fait chialer.
    J’en ai parlé à mon dernier cercle de femmes. L’ombre est venue se mettre dans la lumière du cercle. Et c’était fort.
    J’ai pu aussi dansé mon ombre lors de ma première séance de QOYA et c’était très fort aussi.

    J’ai encore beaucoup de mal sur ce chemin-là. J’ai un penchant naturel pour la lumière, pour les traits positifs de ma vie et de ma personnalité.

    Faut que je le lise ce bouquin, même s’il est en anglais.

    Merci Mai, encore une fois, pour toutes les fenêtres et les portes que tu ouvres. MERCI !

    Cœur Coeur
    Fran

    • fran! c’est un chemin ardu parce qu’on souvent l’impression que l’on va en clamser. mais… ce ne sont que des “pensées”. on n’en meurt pas du tout! évidemment qu’on n’a pas envie de découvrir notre part de lâcheté, de colère, d’arrogance, de méchanceté (je continue?!) mais (s’)aimer vraiment nécessite que l’on se connaisse profondément.
      et en plus du génie, on se souvient de cette phrase qui m’avait tant frappée : lové is a safe place! qd tu connais ton ombre, que tu la reconnais le cas échéant, MAIS que tu as appris à danser avec et bien que peut il arriver de mal?! hehehe… plus rien!
      belle exploration!

  • Mai, tu éclaires l’obscur ! Plus j’évolue, plus je sens mon ombre se rappeler à moi de façon totalement inattendue et souvent déstabilisante… et je suis pourtant loin de la quarantaine ! Mon syndrome de l’imposteur revient très souvent au galop. Je ne suis jamais « assez », ou alors je me trouve « trop ». Grâce à toi et à Johnson, je peux mettre des mots sur ce malaise que j’ai du mal à saisir. Hâte d’explorer tout ça même si ça promet encore pas mal de crises existentielles ! MERCI

    • hahahaha trouver le fameux “i am enough” prend un peu de temps. mais déjà rien que savoir que c’est ça la vérité et pas forcément ce qu’on ressent et ça fait déjà pas mal avancer non? x

  • Au final, que faut-il faire? Uniquement accepter sa part d’ombre ou c’est plus compliqué que ça? J’ai l’impression que nous savons tous que nous sommes pas qu’amour ou alors il faut vraiment faire l’autruche, non? Pour moi cette part d’ombre que nous avons tous, il faut la connaître, l’évacuer mais pas l’alimenter car elle apporte que du négatif et que ce n’est pas la solution pour vivre tous ensemble.
    Après je n’ai peut être rien compris au livre que tu présentes! Complexe!

    • hello julie, alors, oui et non! connaître le menteur, le lache, le voleur qui est en nous (oui c’est révoltant) permet de désamorcer enrôlent de situations « névrotique » : comprendre les boutons qui nous font mentir, le pourquoi du comment, nous permet souvent de nous libérer. pour autant il y a des choses qui peuvent rester. un fond immuable. de mauvaise foi, d’arrogance, de colère. mais qd on les fait nôtres, on peut les circonscrire : par ex : attention je suis en colère la donc prenez le en compte dans notre discussion, la volonté n’est pas de vous heurter mais qu’on avance ensemble. mais il n’en reste pas moins que je suis en colère.
      s’aimer vraiment demande à ce qu’on se connaisse véritablement. non à ce qu’on devienne parfait. mais être imparfait n’est pas faire du 40 alors qu’on aimerait faire du 36, il s’agit de vraies imperfections. j’espère avoir répondu à ta question! belle exploration!

  • Bonjour Mai,
    Je ne saurais te remercier assez pour ce post, il est salvateur. Mille fois salvateur. Toute seule sur une petite île en plein milieu du Pacifique à ne pas ressentir un dixième du bonheur supposé, à ne pas voir de beauté dans l’or, le bleu ou la végétation luxuriante je me trouvais bien ingrate et m’efforçais d’être plus positive. Mais le revers de ces sourires est la construction intérieure d’encore plus de noirceur, et j’ai gémis de ne pas savoir accepter cette part d’ombre constitutive. Je comprends ce que tu retranscris je crois, d’accepter les petits bouts de noir que je perçois, de leur donner leur espace d’expression, peut être même de les chérir comme je chéris la lumière en moi. et cela me libère. Ça ne doit pas être un exercice facile de rendre compte de propos si forts, encore merci pour cet effort…. merci…
    Si je savais le faire je t’écrirai encore combien d’autres de tes écrits ou vidéos m’ont enrichie mais l’émotion et la pudeur suspendent mon geste, ce sera pour une autre fois… (mais ce sera).
    Bien à toi chère Mai,
    L.

    • Ca me fait penser à la gravure de Goya (qui en connaissait un rayon niveau shadow) : « le sommeil de la raison produit des monstres ».

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